Opéras Die Zauberflöte à Tours
Opéras

Die Zauberflöte à Tours

07/03/2025
Maciej Kwasnikowski, Jean-Gabriel Saint-Martin et Marie Gautrot. © Marie Petry

Grand Théâtre,  4 mars 

Reprise triomphale, pour trois soirs à guichets fermés, de cette Zauberflöte dont Tours est coproducteur, créée à Lausanne en mars dernier (voir O. M. n° 202 p. 49 de mai 2024), toujours aussi séduisante dans son hommage à l’univers de Tintin. La réussite doit beaucoup aussi à Clelia Cafiero, cheffe principale invitée du théâtre depuis la saison passée, qui montre discipline et vivacité, mais sans jamais de précipitation, attentive à tenir l’équilibre fosse-plateau comme à faire chanter les soli instrumentaux. Seule manque peut-être la dimension spirituelle, voire métaphysique de la partition, mais la production, sans aucune référence maçonnique, n’y invite guère. 

Entièrement renouvelé depuis Lausanne, à l’exception de Monostatos, le plateau, presque exclusivement français, est inégal. Aux saluts, triomphe pour le Papageno haut en couleur de Jean-Gabriel Saint-Martin, baryton ferme et mordant et excellent comédien. Sa façon de glisser quelques phrases françaises dans les dialogues est irrésistible, et la pétulante Papagena de Manon Lamaison lui donne une réplique souriante, même si pas toujours compréhensible dans les récits.

Le couple d’amoureux est aussi juvénile qu’ardent : le ténor lyrique léger, au beau timbre clair et haut placé, de Maciej Kwasnikowski fait merveille en Tamino, n’étaient quelques aigus pas tout à fait assez souples, et Jeanne Mendoche impose une Pamina volontaire, en rien oie blanche, de son soprano lyrique corsé et rayonnant : un peu plus de suspension dans l’aigu, et on serait comblé ! Les deux voix extrêmes sont moins probantes. Le baryton-basse de Julien Ségol manque de stabilité et de focus, Orateur peu éloquent et terne Sarastro, au grave engorgé trop confidentiel. 

La Reine de la Nuit d’Anne Sophie Petit surprend par une voix faiblement projetée au grelot peu séduisant : trop monochrome, son premier air ne convainc guère malgré coloratures et contre-fa en place. « Der Hölle Rache » fait plus d’effet, certes peu terrifiant, mais au moins parfaitement sûr pour la virtuosité (-piqués, triolets) comme pour des contre-fa d’une rare facilité. 

Des trois dames, parfaitement assorties, on remarque le beau timbre d’Erminie Blondel, les trois garçons (en fait, ce soir, deux filles et un garçon de la Maîtrise du CRR) étant en revanche, quoique vifs en scène, trop pâles vocalement, et pas très justes, à côté de deux prêtres et hommes d’armes corrects. Enfin, seul rescapé de Lausanne, Pablo Garcia-Lopez se montre un Monostatos désopilant, mais aux trop fréquents décrochages en parlando.

THIERRY GUYENNE

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