Comptes rendus Falstaff fête ses 100 ans à Monte-Carlo
Comptes rendus

Falstaff fête ses 100 ans à Monte-Carlo

02/02/2019

Salle Garnier, 29 janvier

En 2019, l’Opéra de Monte-Carlo fête à la fois ses 140 ans d’existence, avec une jolie exposition organisée au sein de l’atrium du Casino, et les 100 ans de la création in loco de Falstaff (29 mars 1919), sous la direction musicale de Victor de Sabata. Jean-Louis Grinda a donc choisi d’ouvrir l’année avec une reprise du Falstaff qu’il avait mis en scène Salle Garnier, en mars 2010 (voir O. M. n° 51 p. 54 de mai).

Richard Martet avait alors souligné la réussite de ce spectacle, placé sous le signe du divertissement et de l’inattendu. Au milieu de livres géants, qui se bougent avec aisance et s’ouvrent malicieusement pour dissimuler les personnages, toute une basse-cour se démène, s’entrechoque et s’oppose autour du rôle-titre, « hénaurme » coq d’apparat surchargé de plumes et de couleurs criardes.

Chantecler d’Edmond Rostand n’est pas si loin, avec ces femmes (dont le quatuor de commères) transformées en poule faisane, en cane, en pintade, en dinde… Le tout, assurément, fonctionne à la perfection. Plus onirique et renouant avec une certaine poésie, la scène finale est un ravissement pour l’œil.

Les chanteurs ne sont pas en reste. Dans une forme superbe, Nicola Alaimo brille en Falstaff. La voix, puissante et incisive, tonne sous les ors de la Salle Garnier, mais toujours avec musicalité. Jean-François Lapointe ne lui cède pas un pouce de terrain en Ford, déployant son baryton étendu et timbré.

Enea Scala démontre qu’il est possible de distribuer, dans le rôle de Fenton, un ténor plus corsé que ceux que l’on entend d’ordinaire. Son jeune coq se pavane avec élan et dynamisme, formant avec la Nannetta de Vannina Santoni, aux gracieux pianissimi, un couple bien assorti.

Les autres interprètes féminines brillent un peu moins. Rachele Stanisci, adroite comédienne, possède une voix trop perçante et manque du charme indispensable en Alice. Sans être le contralto attendu pour Mrs. Quickly, Anna Maria Chiuri offre une savoureuse composition. Annunziata Vestri, enfin, confère du relief à la discrète Meg.

Les trois rôles de complément sont parfaits : Carl Ghazarossian, Cajus désopilant en vieux bouc ridicule, certain de ses charmes ; Rodolphe Briand et Patrick Bolleire, irrésistibles Bardolfo et Pistola, transformés en chats de gouttière cupides.

Dès les premières mesures, Maurizio Benini affirme son autorité et sa connaissance approfondie de la partition. Il mène l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et le Chœur de l’Opéra sur les bons rails, ceux d’une belle réussite d’ensemble.

JOSÉ PONS

PHOTO : © OMC/ALAIN HANEL

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