Portrait Lauranne Oliva, l’évidence d’une v...
Portrait

Lauranne Oliva, l’évidence d’une voix nouvelle

02/11/2023
© Klara Beck/Opéra Studio

Est-ce parce qu’à 23 ans, plusieurs concours prestigieux l’ont déjà couronnée, que la soprano française s’est présentée à la finale de la 5e édition des « Voix Nouvelles », le 8 octobre dernier, à l’Opéra-Comique, avec un sourire nimbé de sérénité ? Le Prix des Opéras Suisses et, surtout, le Premier prix ont, tout naturellement, distingué un chant à la fois pur et incarné. Portrait.

En écoutant Lauranne Oliva, on perçoit de la gourmandise quand elle évoque son métier, une envie de se nourrir goulûment de cette passion, qui lui apporte énergie et joie de vivre. Une curiosité, aussi, pour les répertoires, pour sa voix, et pour les autres. À tout juste 23 ans, la soprano française vient de remporter la 5e édition du Concours « Voix Nouvelles », le 8 octobre dernier, à l’Opéra-Comique.

Elle n’aura pas pris le temps de savourer sa victoire, étant obligée de rejoindre immédiatement les répétitions de la reprise de Lakmé, dans la mise en scène de Laurent Pelly, à l’Opéra National du Rhin (1), production dans laquelle elle interprètera Ellen, du 2 au 28 novembre, à Strasbourg et à Mulhouse, au côté de la fine fleur de la scène française (Sabine Devieilhe, Julien Behr, Ambroisine Bré, Guillaume Andrieux, etc.).

Il s’agit pour Lauranne Oliva d’un retour précoce dans la maison qui l’a accueillie, pendant deux ans, au sein de son Opéra Studio, où elle a notamment été la Princesse et la Chauve-Souris dans L’Enfant et les sortilèges, Eurydice dans Petite Ballade aux Enfers, d’après Orphée et Eurydice de Gluck, et Drusilla dans L’incoronazione di Poppea.

Libération vocale

Beau début de carrière, pour celle qui est née le jour de la Fête de la musique. Fallait-il y voir un présage ? La jeune femme se souvient, en tout cas, avoir toujours aimé chanter, entourée d’une famille de musiciens amateurs, qui l’a encouragée dans son penchant. En attendant de pouvoir prendre des leçons, au Conservatoire de Perpignan, sa ville natale, elle se consacre au solfège et au piano. À 14 ans, elle rejoint la classe de Sabine Riva, qui sera son professeur pendant trois ans.

À ce moment-là, Lauranne Oliva connaît très peu l’opéra ; c’est avec les chansons traditionnelles catalanes qu’elle a débuté. L’institution lui permet de découvrir l’art lyrique, pour lequel elle a un véritable coup de foudre, autant stylistique que physiologique, puisque cette technique nouvelle lui apprend la projection, la libération vocale.

La soprano suit ensuite l’enseignement du ténor Christian Papis, avec lequel elle travaille toujours aujourd’hui. Elle mène, ainsi, son cursus au CRR de Perpignan jusqu’à son terme, et y obtient, notamment, un prix d’excellence, en 2021.

Le choix des concours


Lors de la finale du Concours « Voix Nouvelles », à ­l’Opéra-Comique.
© Stefan Brion

Parallèlement, Lauranne Oliva obtient deux baccalauréats, l’un en sciences, et l’autre en langue et littérature espagnoles. Elle a alors 18 ans et se rêve chirurgien orthopédiste. Mais l’exigence des études de médecine induirait l’arrêt de la musique, au moins pendant quelques années. Une perspective inimaginable pour la jeune soprano, qui, conseillée par son professeur et soutenue par ses parents, opte pour une voie moins royale que la thérapeutique, celle de sa voix.

Il s’agit alors de se faire connaître, et elle opte pour les concours. À Marmande, en 2020, elle remporte trois prix. Elle y fait aussi la connaissance de Vincent Monteil, alors directeur musical de l’Opéra Studio de l’Opéra National du Rhin, qui lui propose de candidater pour intégrer cette structure, qu’elle rejoindra en septembre 2021. C’est là qu’elle fera ses armes scéniques et apprendra au contact de ses aînés, confirmant que son choix professionnel n’est pas une erreur.

En attendant le bel canto

Si tout semble sourire à Lauranne Oliva, elle n’en reste pas moins mesurée et sait qu’une carrière se construit sur le temps long. « Pour durer, il faut faire les bons choix », souligne-t-elle, cultivant la patience, avant de pouvoir incarner les grandes héroïnes du bel canto, son style musical favori. En attendant, elle pense à Susanna (Le nozze di Figaro), Pamina (Die Zauberflöte), Micaëla (Carmen), etc. Des jeunes filles, auxquelles elle pourra apporter sa fraîcheur et sa grâce.

Et peut-être, aussi, un peu de cette perfection vocale qu’elle admire chez certaines grandes chanteuses du passé, telles Mirella Freni, Renata Scotto ou Lucia Popp, qui appartiennent à son panthéon lyrique, à côté d’artistes plus actuelles, comme Nadine Sierra, Sonya Yoncheva ou Lisette Oropesa.

À son âge, tout est encore permis, et Lauranne Oliva semble, avant tout, portée par le bonheur que lui procure son métier. D’ailleurs, quand elle n’est pas sur scène, c’est dans le public que l’on peut la croiser, puisqu’elle adore aller à l’opéra en tant que spectatrice. Et lorsqu’elle peut rentrer dans ses terres catalanes, auxquelles elle est très attachée, elle part randonner en Cerdagne ou au cœur des Garrotxes, pour s’abreuver d’autres beautés, celles de la nature.

KATIA CHOQUER

(1) L’entretien a été réalisé le 10 octobre 2023.

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