Concerts et récitals Fauré célébré à Toulouse
Concerts et récitals

Fauré célébré à Toulouse

09/04/2024
Ariane Matiakh. © Romain Alcaraz

Halle aux Grains, 28 mars

Préparé en collaboration avec le Palazzetto Bru Zane, ce concert, donné à la Halle aux Grains, renoue avec l’époque où, dans ce même lieu, Michel Plasson et l’Orchestre National Capitole Toulouse défendaient un répertoire français négligé ou oublié. Pour marquer le centenaire de la disparition de Gabriel Fauré (1845-1924), figure au programme Pelléas et Mélisande, « suite d’orchestre » qui, à l’origine, ponctuait la pièce de Maeterlinck, à Londres.

Ariane Matiakh sait lui donner un climat particulièrement subtil, fait de couleurs diverses, tout en lui conservant une énergie générale, qui évite tout amollissement. C’est avec une dynamique analogue que la cheffe française dirige, ensuite, cinq mélodies – quatre (Clair de lune, En prière, Chanson du pêcheur, Les Roses d’Ispahan) ont été orchestrées par Fauré, lui-même, et la cinquième (Tarentelle) par André Messager (1853-1929).

On ne peut que se réjouir de découvrir, sous ce nouvel habillage, des œuvres que l’on connaissait surtout, jusqu’à présent, avec leur accompagnement au piano. Julien Behr et, plus encore, Jean-Sébastien Bou parviennent à donner une chair, une vie musicale, à ces poèmes d’intérêt inégal. Florie Valiquette a davantage de mal – mais est-ce sa faute ? – à lutter avec les cuivres, dans Les Roses d’Ispahan.

En seconde partie, Les Sept Paroles du Christ en croix de César Franck (1822-1890) retrouvent les mêmes interprètes, avec l’ajout précieux de l’Orfeon Donostiarra – fondé en 1897, ce chœur reste, à ce jour, l’un des meilleurs qui soient. Œuvre longtemps oubliée, qui n’a, vraisemblablement, jamais été exécutée entièrement du vivant du compositeur, cette partition porte la marque d’une religiosité de surface, plus théâtrale que profonde, telle qu’elle pouvait exister au XIXe siècle.

En 1859, celui que l’on surnommera, plus tard, « Pater seraphicus » n’a pas encore la stature qui lui permettrait d’inventer une musique sacrée plus personnelle, plus austère. Ariane Matiakh n’en réussit pas moins à mettre en valeur ce que ces Sept Paroles portent en elles de promesses, ce qu’elles nous disent, aussi, en termes dramatiques, de la Passion du Christ.

Avec un beau programme, rare et insolite, une direction musicale inventive, un orchestre bien discipliné, un chœur aussi remarquable dans le murmure que dans la colère, et trois chanteurs solistes choisis à bon escient, un tel concert ne pouvait que connaître le succès.

PIERRE CADARS

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