Schlosskirche, 13 septembre
Dans la clarté des ors et stucs de la Schlosskirche, écrin idéal pour ce programme intimiste d’après-midi, Suzanne Jerosme a déployé son joli soprano lyrique, dense mais virtuose (elle trille et vocalise brillamment !), et très expressif. Dans les deux Haendel se distinguaient parfaitement le style galant de La bianca rosa et le charmant pastiche de cantate française de Sans y penser (à l’origine alternant soprano et ténor, et donné ici à une seule voix), où Tircis et Sylvie badinent à l’envi.
Trois extraits d’oratorios d’Alessandro Scarlatti (dont le fier « Se il generoso cor » de Sedecia, qui donne son titre au concert, et le flamboyant « All’armi di costanza » d’Il martirio di Santa Teodosia, qui le conclut en beauté) étaient intelligemment mis en regard avec des airs de deux contemporaines italiennes, Camilla de Rossi et Maria Margherita Grimani. Actives à la cour de Vienne, ces musiciennes totalement oubliées aujourd’hui montrent un style qui doit en effet beaucoup au maître, mais n’en développent pas moins un lyrisme personnel. Parmi les belles découvertes, notons, de la première, l’aria di contrasti « Cielo pietoso », d’Il San Alessio, et pour la seconde, le magnifique « Sol fia pago il tuo desio » de La visitazione di Elisabetta, à la ligne vocale planante, sur un délicat tapis de pizzicati.
Une heure délicieuse de musiques rares de la fin XVIIe-tout début XVIIIe, par une jeune chanteuse française aussi stylée – malgré quelques intempestives respirations dans certaines longues vocalises ou cadences, et l’absence, dans son arsenal technique baroque, d’une véritable messa di voce – que communicative, et soutenue par un continuo (clavecin, violoncelle et luth ou guitare) diligent, en dépit de quelques modulations hasardeuses, dues peut-être à une familiarité à la partition encore fragile.
THIERRY GUYENNE
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