1 CD/Livre I Gemelli GEFA008/I
Nuria Rial, Shira Patchornik, Cristina Fanelli, Ines Alonso, Laura Dausse (Sopranos 1) – Éléonore Pancrazi, Natalie Pérez, Mayan Goldenfeld, Alix Le Saux, Mathilde Etienne (Sopranos 2) – Xavi er Sabata, Helen Charlston (Alto 1) – Lorrie Garcia, Lidija Jovanovic, Anouk Defontenay (Altos 2) – Zachary Wilder, Nicholas Scott, Nile Senatore (Ténors 1) – Emiliano Gonzalez Toro, Jordan Mouaissia (Ténors 2) – Fulvio Bettini, Eugenio Di Lieto (Basses 1) – Nicolas Brooymans, Luigi De Donato (Basses 2)
Ensemble i Gemelli, dir. Mathilde Etienne & Emiliano Gonzalez Toro
Nul doute qu’au sein des nombreuses et passionnantes versions discographiques disponibles à ce jour des Vespro della Beata Vergine (1610) de Monteverdi, celle de l’ensemble I Gemelli, placée sous la direction conjointe de Mathilde Etienne et Emiliano Gonzalez Toro, occupera une place à part. Par l’éminence de son interprétation, son effectif vocal resserré (dix-huit interprètes) et la richesse expressive de ses coloris, de ses textures, qu’ils soient vocaux ou instrumentaux, cet enregistrement rayonne d’un éclat singulier.
Il faut, dans un premier temps, saluer le remarquable travail effectué en amont par les deux artistes à l’origine du projet. Non contents de se satisfaire d’une approche historiquement informée, ils se sont astreints, pour leur lecture, à contextualiser et à apporter à l’auditeur une foule d’informations relatives à l’époque de Monteverdi. Ainsi, il n’est pas accessoire de consulter les différents chapitres du livre, car chacun d’eux propose des perspectives instruites et apporte un éclairage sur la démarche artistique adoptée. Sur le strict plan musical, ces Vespro se distinguent par leur intense luminosité, leur ferveur quasi charnelle, celle d’une joie infinie de célébrer la Vierge Marie. Chaque section offre, de fait, une palette de couleurs saisissantes, souvent même ineffables (« Pulchra es », « Duo Seraphim », « Ave maris stella », « Magnificat », « Et misericordia », « Gloria Patri »). Portées au plus haut niveau par dix-huit chanteurs littéralement habités (tous ici solistes et parfois ripiénistes), les différentes sections s’élèvent avec une lisibilité harmonique accrue, une éloquence rare.
Il est manifeste ici que chacun ambitionne de trouver le meilleur équilibre possible en termes de timbre, de diction, de dynamique et de coloration. Parmi les solistes de renom, on notera la présence de Nuria Rial, Éléonore Pancrazi, Xavi Sabata, Zachary Wilder, Nicolas Brooymans ou encore Luigi De Donato. Maîtres d’œuvre investis et âmes agissantes de l’ensemble I Gemelli, Mathilde Etienne et Emiliano Gonzalez Toro insufflent une prodigieuse vitalité au chef-d’œuvre foisonnant de Monteverdi : les inflexions solaires et pénétrantes du ténor (« Audi Cœlum », « Deposuit ») n’ont d’égal que les accents suspendus de la soprano (« Ave maris stella »). Sous leur impulsion zélée, cette nouvelle mouture des Vespro della Beata Vergine s’impose, par sa vocalité divine et son impact instrumental irradiant, comme l’une des plus accomplies gravées en studio depuis longtemps.
CYRIL MAZIN
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