Opéras Début de remake du Ring à Milan
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Début de remake du Ring à Milan

20/11/2024
Michael Volle (Wotan) et Okka don der Damerau (Fricka). © Teatro alla Scala/Brescia e Amisano

Teatro alla Scala, 7 novembre

Les nouvelles productions du Ring présentées, depuis deux ans, par les grandes maisons se suivent – jusqu’à se chevaucher –, sans se ressembler. Preuve, s’il en était besoin – et malgré les cris d’orfraie poussés, avec de plus en plus de véhémence, par ces soi-disant gardiens du temple, qui voient du « Regietheater » partout –, de la vitalité du théâtre lyrique contemporain.

L’Opernhaus de Zurich a ouvert le bal, au printemps 2022, avec une mise en scène de son directeur général et artistique, Andreas Homoki, qui, jusqu’à son point final, voici un an, s’est avérée exemplaire. Le Staatsoper de Berlin a riposté, d’un seul jet, à l’automne 2022, avec la proposition plus iconoclaste, et moins convaincante, de Dmitri Tcherniakov.

Lancée au Covent Garden de Londres, en septembre 2023, la vision de Barrie Kosky,  dont le deuxième volet est attendu en mai prochain, promet de faire feu de tout bois, tandis que l’Opéra National de Paris dévoilera, le 29 janvier 2025, le Prologue de la Tétralogie selon Calixto Bieito, initialement prévu en avril 2020. La Monnaie de Bruxelles, quant à elle, achèvera, avec Pierre Audi, déjà en charge de Siegfried, en septembre, le voyage entamé avec Romeo Castellucci, la saison dernière.

Coup d’envoi quasi simultané, enfin, pour les productions de Tobias Kratzer, au Bayerische Staatsoper de Munich (voir plus loin), et David McVicar, à la Scala. En engageant ce dernier, Dominique Meyer, qui aura laissé les rênes du théâtre milanais à son successeur, Fortunato Ortombina, lorsque seront présentées les deux dernières Journées – en juin 2025, puis février 2026, avant deux cycles complets –, a, sans doute, opté pour la solution la moins risquée.

Celle d’un « remake », aux moyens censément plus importants, du Ring que David McVicar avait monté, entre 2007 et 2011, à l’Opéra National du Rhin (voir O. M. n° 17 p. 63 d’avril 2007, n° 30 p. 67 de juin 2008, n° 38 p. 65 de mars 2009 & n° 61 p. 43 d’avril 2011). Et qui avait, à l’époque, fait grand bruit, ne serait-ce que pour l’audace d’une maison de région, se lançant dans une telle aventure.

Dix-sept ans après le premier Rheingold du metteur en scène britannique, cette fois également crédité comme scénographe, en binôme avec Hannah Postlethwaite, les données restent les mêmes que celles exposées, dans son compte rendu, par François Lehel. L’œuvre est toujours prise « strictement au pied de la lettre », avec des dieux somptueusement parés et des géants de pierre juchés sur de courtes échasses, un danseur figurant l’or, auquel Alberich arrache son masque, avant de forger un immense crâne dans le métal précieux, dominant le Nibelheim. Et la limite de l’exercice demeure, qu’« on ne voit pas se dessiner un parti bien tranché ».

C’est, en somme, rien moins que déplaisant à regarder – contrairement aux productions conçues à la chaîne, pour la Scala, par Davide Livermore –, mais d’un intérêt qui s’émousse, dès lors que le théâtre se fige, et donc s’absente, de plus en plus longuement.

Il est vrai que le Loge insipide, tout sauf un feu follet, donc, de Norbert Ernst n’est pas pour rien dans la torpeur qui, peu à peu, s’abat sur la deuxième scène, malgré le prestige du reste du plateau. Mais comme Michael Volle, Wotan toujours considérable par le chant, paraît appesanti, passif, peu concerné, en somme, comparé au personnage qu’il incarnait, à Berlin, avec Dmitri Tcherniakov !

Grand format, aussi, que celui d’Olafur Sigurdarson, qui mérite mieux que cet Alberich au premier degré. Jongmin Park, Fasolt tout en tendre legato, domine nettement Ain Anger, Fafner plus pâteux que vénal. Andrè Schuen et Siyabonga Maqungo sont un luxe, par la jeunesse et la netteté de leurs instruments respectifs, en Donner et Froh, et Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, une évidence, pour Mime.

Erda à Bayreuth, ces trois dernières années, Okka von der Damerau prête à Fricka une clarté, où résonne, peut-être, le souvenir de la Brünnhilde de Die Walküre, à laquelle cette voix longue s’est déjà plusieurs fois essayée, quand le mezzo en tôle ondulée de Christa Mayer trouve, sans vraiment se stabiliser, l’aura prophétique d’Erda, à force d’autorité.

Prévu à l’origine, mais tenu éloigné des répétitions de Das Rheingold par une opération du tendon, Christian Thielemann a décidé de renoncer, afin de ne pas compromettre l’unité artistique du projet, à l’ensemble de cette Tétralogie, dont chaque volet sera, finalement, partagé entre Simone Young et Alexander Soddy.

La présence au pupitre du chef allemand aurait-elle transcendé cette représentation ? Si son cadet britannique, baguette plus que prometteuse, possède un sens incontestable de la narration, l’orchestre de la Scala se montre particulièrement négligent dans la mise en place, accentuant l’impression de routine laissée par cette soirée, qui n’incite guère à l’impatience vis-à-vis de la suite.

MEHDI MAHDAVI

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