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Cosi fan tutte passe à la téléréalité à Lausanne

08/02/2024
Marie Lys (Despina). © Jean-Guy Python

Opéra, 2 février

Dans son compte rendu de cette production de Cosi fan tutte, créée par l’Opéra de Lausanne, en octobre 2018 (voir O. M. n° 145 p. 50 de décembre), et dont l’action est située au cœur d’une téléréalité, le regretté Jean-Luc Macia remarquait, très justement, que « dans un décor moderne de studio, avec des meubles aux couleurs agressives et des vues sur Naples, le concept télévisuel permet[tait] de suggérer le non-dit des cœurs ».

S’il privilégie la comédie sur le drame, le metteur en scène français Jean Liermier sait, en effet, ménager des moments plus denses et sentimentaux. On déplore, seulement, un rythme un peu inégal, l’énergie retombant aussitôt, lorsque le dispositif de téléréalité n’est pas exploité.

Pavel Petrov et Robert Gleadow, en Ferrando et Guglielmo, sont tout entiers au service de la comédie ; et ce qui, ailleurs, aurait pu paraître outrancier ou vulgaire parvient à faire rire, dans ce contexte parodique.

Le ténor biélorusse fait entendre une voix corsée, très timbrée, qui ne donne certes pas à ses airs le caractère suspendu et flottant que l’on attend ici. Mais le personnage n’en semble que plus volontaire et affirmé, sans sacrifier la ligne pour autant. Quant au baryton-basse canadien, qui choisit d’interpréter un Guglielmo excessif, colérique, et sans grande finesse de sentiment, sa diction et son implication physique prennent le pas sur la musicalité.

En Fiordiligi, la soprano italienne Arianna Vendittelli possède de nombreuses qualités, malgré quelques difficultés techniques : l’émission, d’abord assez légère, se charge de résonances graves, jusqu’à un superbe duo « Fra gli amplessi ». La Dorabella de la mezzo canadienne Wallis Giunta manque, en revanche, de rondeur, mettant, parfois, à mal le legato.

La soprano suisse Marie Lys s’empare de Despina avec une belle liberté de jeu, notamment dans des récitatifs bien menés, tandis que la basse espagnole Rubén Amoretti offre un impeccable Don Alfonso.

Si l’Orchestre de Chambre de Lausanne se distingue par son unité et son engagement, dans les pages élégiaques du I, puis dans les couleurs plus dramatiques du II, les décalages avec le plateau sont nombreux. On s’interroge, dès lors, sur certains choix de tempi du chef suisse Diego Fasolis, dont la direction refuse l’épanchement.

Quel dommage, surtout, que les ensembles soient aussi peu fouillés ! La recherche de l’énergie théâtrale semble, en effet, se faire au détriment de la musique, qui mériterait davantage de relief, et d’équilibre entre les voix.

CLAIRE-MARIE CAUSSIN

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