Opéras Tosca réduite mais sous tension à Compiègne
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Tosca réduite mais sous tension à Compiègne

29/11/2023
Axelle Fanyo (Tosca). © Nicolas Descoteaux

Théâtre impérial, 10 novembre

C’est dans le cadre du Festival « En Voix ! », qui a pour vocation, depuis 2018, de diffuser l’art lyrique et le chant choral, pendant plusieurs semaines, sur tout le territoire des Hauts-de-France, qu’a été révélée cette nouvelle Tosca, conçue par le Théâtre Impérial-Opéra de Compiègne. Une production destinée à circuler dans de nombreuses villes, disposant de salles aux dimensions et aux moyens techniques variés.

D’où une adaptation pour les besoins de la cause, avec quelques sacrifices douloureux (des coupures dues à Fabien Waksman, un orgue et un chœur enregistrés pour le « Te Deum », la suppression du rôle du Berger…), mais aussi une orchestration revue, par Benoît Coutris, pour une quinzaine de musiciens, avec des vents relativement préservés, mais des cordes réduites à un instrument par partie.

À la tête de l’ensemble Les Frivolités Parisiennes, toujours plein d’allant, Alexandra Cravero doit, dès lors, constamment maintenir l’équilibre au sein des pupitres, ce qu’elle parvient à faire, au prix d’une vigilance qui ne nuit pas à l’engagement dramatique. D’autant que cette Tosca, représentée sans entracte, jouit d’une tension bénéficiant de l’acoustique chaleureuse du Théâtre Impérial.

La scénographie, imaginée par Romain Fabre, va dans le même sens : elle est constituée d’un élément unique, figurant un mur pourvu de cinq ouvertures en ogive. Un chevalet de peintre, au I, un billard, au II, une balustrade et une statue de l’archange saint Michel, au III, suffisent à figurer les différents lieux de l’action.

De discrètes projections, signées Éric Maniengui (des animaux fantastiques, un ciel tourmenté, après la mort de Scarpia…), ajoutent de l’animation, et la mise en scène de Florent Siaud occupe l’espace sans chercher autre chose qu’à illustrer le drame. Mario Cavaradossi pourrait être le double de Rodolfo dans La Bohème, Floria Tosca est une artiste jalouse et passionnée (plus élégante dans sa robe du soir, à partir du II, que dans celle, à fleurs, du début), et Scarpia est accompagné de sbires coiffés de casquettes noires, qui ont tout de bourreaux nazis.

On aimerait, cependant, que les personnages, clairement dessinés, bougent avec davantage de rigueur, notamment Tosca qui, sous les traits d’Axelle Fanyo, a tendance à sautiller, au I, puis à prendre des poses un peu mélodramatiques. Le moment où, muette, elle se décide à tuer Scarpia et joue avec les seuls traits de son visage, laisse supposer ce qu’on pourrait obtenir de la soprano française sur le plan théâtral. Mais sa voix est moelleuse, moirée, charnelle, avec des aigus toujours percutants, un volume sonore maîtrisé, et une espèce de sensualité dans le chant.

Face à elle, Christian Helmer n’a pas à se forcer pour être impitoyable : son baryton sombre, son port impérieux, la raideur de sa démarche, ses cheveux plaqués et son costume noir donnent corps à un Scarpia sans équivoque, plus délibérément odieux que séducteur. Le faire s’allonger avec morgue auprès de sa victime à genoux, au moment de « Vissi d’arte », est une idée bien trouvée dans ce contexte.

Thomas Bettinger incarne un Cavaradossi d’une grande sobriété, qui met son timbre assez mat au service d’une prestation concentrée, et ne cherche jamais l’effet gratuit. « E lucevan le stelle » est abordé comme un moment d’introspection, et non comme un air de bravoure.

On peut imaginer sans peine que cette Tosca, destinée à pérégriner, trouvera son unité au fil des représentations.

CHRISTIAN WASSELIN

Prochaines représentations les 9 et 10 décembre à l’Opéra de Reims.

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