1 DVD Opus Arte OA 1362 D & 1 Blu-ray OABD 7309 D

C’est un euphémisme de dire que l’on connaît peu, sous nos latitudes, la scène baroque néo-zélandaise. Cette parution est donc une véritable curiosité, et c’est, sans doute, l’ampleur du succès local de ce spectacle, filmé le 29 septembre 2021, qui nous vaut de pouvoir en profiter en DVD.

La référence trop fréquente à un oratorio pour Semele ne concerne que les conditions de sa création, à Londres, en 1744, sans mise en scène. Car il s’agit bien d’un véritable opéra, en langue anglaise, que cette production du New Zealand Opera transpose dans un cadre contemporain. L’ouvrage s’ouvrant sur une cérémonie, où la déesse Juno approuve les noces de Semele et Athamas, les représentations ont lieu dans la cathédrale anglicane Holy Trinity d’Auckland. Nous assistons donc au mariage en « décor naturel ».

Le public constitue les invités, tandis que solistes et choristes incarnent participants et officiants. L’orchestre et une partie du chœur – celui de la cathédrale, dans son costume de cérémonie – se trouvent positionnés derrière l’autel. Des écrans géants sont disposés en surplomb et sur les côtés, pour que tout le monde voie bien, comme dans un véritable mariage princier.

Certaines images sont filmées depuis l’assistance – comme si elles l’étaient d’un téléphone portable –, ou à l’extérieur. Visibles en large sur le DVD, elles étaient probablement projetées sur les écrans géants durant le spectacle, permettant un recours au ralenti et à divers effets. Jupiter, tout de cuir vêtu, arrive ainsi sur une grosse moto pétaradante, dont les grondements accompagnent les coups de tonnerre des timbales, et enlève la fiancée, Semele, pour lui ouvrir les portes du show-business.

Les changements de décor sont forcément limités, mais l’utilisation des différents espaces de l’édifice, le recours judicieux aux choristes pour amener des accessoires, les projections et les lumières, évitent que la monotonie ne s’installe. Chaque tableau donne lieu à un traitement d’une imagination foisonnante, sans jamais tomber dans le gag, ni la caricature. Le travail des metteurs en scène, Thomas de Mallet Burgess (directeur général du New Zealand Opera) et Jacqueline Coats, est décidément brillant.

Sans égaler les références de la discographie, l’exécution orchestrale et chorale est, globalement, de bonne tenue. Peter Walls pourrait, sans doute, mettre davantage de contrastes dans sa direction, on entend quelques imprécisions dans les attaques, mais la qualité du spectacle balaie ces menues réserves.

D’une distribution talentueuse et équilibrée, se détache le couple Jupiter/Semele. Élevé en Nouvelle-Zélande, le ténor samoan Amitai Pati, moins connu (pour l’instant ?) que son grand frère Pene, offre un beau mélange d’éclat et de finesse. Quant à la soprano australienne Emma Pearson, elle campe une magnifique fille de Cadmus, tout en séduction et facilité vocale.

On peut, évidemment, regretter les quelques airs et récitatifs coupés, qui auraient profité de ce formidable bouillonnement créatif. Réserve de peu de poids, face à cette formidable réussite d’ensemble.

PHILIPPE GELINAUD


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