Opéras Parfait Domino à Lausanne
Opéras

Parfait Domino à Lausanne

23/03/2023
© Jean-Guy Python

Opéra, 12 mars

Michel Parouty avait été enchanté par la création de cette production par l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, en février 2018 (voir O. M. n° 138 p. 38 d’avril). Nous ne le sommes pas moins pour cette reprise, assurée à la perfection par Valérie Lesort, elle-même, avec un nouveau chef et une distribution, en grande partie, renouvelée.

Pour son intelligence de l’œuvre, dans une nécessaire mais respectueuse adaptation du très long livret d’Eugène Scribe ; pour l’équilibre judicieusement trouvé avec le texte parlé, raisonnablement coupé et nettoyé ; pour sa constante drôlerie, sans facilités, ni vulgarités ; pour ses beaux et astucieux décors, imaginés par Laurent Peduzzi ; enfin, pour l’invention magistrale et sans cesse renouvelée des costumes de Vanessa Sannino, aussi humoristiques que ravissants.

Le nouveau plateau est mené par l’Horace percutant et bondissant du ténor français Philippe Talbot, dont la silhouette contribue à tirer le personnage du côté des déchaînements de l’opérette, plus que vers l’évocation des états d’âme d’un jeune aristocrate. Son abattage irrésistible, assurant impeccablement le passage du chant au parlé, et sa beauté de timbre emportent pleinement l’adhésion.

Déjà présent, il y a cinq ans, François Rougier apporte à Juliano, l’ami d’Horace, le contrepoint de la distinction, dans une verve non moins inépuisable, et avec une diction également exemplaire. Renouvelés, eux aussi, le caricatural Lord Elfort de Laurent Montel, d’une cocasserie sans faille, et l’impayable Jacinthe de Marie Lenormand, à laquelle il serait absurde de demander la parfaite pureté du chant, mais magistrale dans le bouffe.

À côté du Gil Perez du baryton-basse suisse Raphaël Hardmeyer, dont la haute maigreur est parfaitement en situation, l’Angèle de Marie-Eve Munger est l’autre nouveauté majeure. La soprano canadienne impose une ingénue futée des plus attachantes, impressionnante dans la sûreté des suraigus filés, aussi à l’aise dans les élans lyriques et leur parfait legato que dans la conduite de sa « Danse aragonaise », avec la rondeur de voix et le brio scénique demandés, faisant légèrement pâlir l’accompagnement plus discret de la Brigitte de la mezzo suisse Julia Deit-Ferrand.

L’Orchestre de Chambre de Lausanne et son excellent Chœur brillent de tous leurs feux, sous la direction aussi vive que précise de Laurent Campellone, pour deux heures de bonheur, qui ravissent une salle comble.

Cette parfaite réussite fait vivement souhaiter de voir la production poursuivre son itinérance, et si possible d’être pérennisée au DVD, pour succéder au spectacle nettement plus modeste du Théâtre Impérial de Compiègne, en 1995 (DOM).

FRANÇOIS LEHEL

PHOTO © JEAN-GUY PYTHON


© Jean-Guy Python

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