Le 24 septembre, le chef français sera de retour à l’Opéra National de Bordeaux, dont il a été le directeur artistique entre 1990 et 1995. Dix jours avant de souffler ses 75 bougies, il y ouvrira la saison lyrique 2015-2016 avec une nouvelle production de Don Carlo, mise en scène par Charles Roubaud, à l’Auditorium.
Vous ouvrez la saison de l’Opéra National de Bordeaux avec une nouvelle production de Don Carlo, qui coïncide avec votre 75e anniversaire. Le choix de cette œuvre est-il délibéré ?
Oui et non. En fait, c’est Thierry Fouquet, le directeur général, qui m’a proposé cet ouvrage. J’ai accepté, car c’est l’un de mes opéras préférés. Je l’ai souvent dirigé un peu partout dans le monde, y compris autrefois à Bordeaux – mais c’était au Palais des Sports. Ce qui me plaît surtout dans Don Carlo, c’est la profusion de personnages ayant des passages magnifiques à chanter : non seulement l’Infant et la Reine, mais aussi le Roi, Posa, Eboli… et même l’Inquisiteur ! Cette densité de grands morceaux est exceptionnelle.
Vous dites Don Carlo, donc en italien. Quelle version allez-vous exactement jouer ?
La toute dernière, celle de 1884, en quatre actes et en italien, que Verdi a élaborée pour la Scala de Milan, entre Aida et Otello. Sans l’acte de Fontainebleau donc, qui certes est beau, mais que le compositeur a lui-même alors écarté. Si l’on joue la version en cinq actes, en italien, il faut adopter l’orchestration du Don Carlos original, en français, que Verdi n’a pas retouchée et dont le style est voisin de celui des Vêpres siciliennes… Cela crée un hiatus avec les sonorités retravaillées pour les quatre derniers actes ! Et puis, je pense que dans cette œuvre déjà longue, Fontainebleau n’apporte dramatiquement rien d’essentiel.
Mais on y entend des thèmes qui sont repris ensuite, créant des sortes de leitmotive…
C’est exact, mais cela me paraît moins important que la différence d’orchestration. Et puis, commencer par la scène du couvent de Saint-Just, avec son chœur lointain de moines, crée un effet spectaculaire. Franchement, c’est un choix cohérent. Je suis d’autant plus heureux de diriger Don Carlo que ce sera – et c’est un scoop que je vous donne – l’avant-dernier opéra de ma carrière. En janvier-février 2016, il y aura encore Werther, à l’Opéra National de Paris ; cela me réjouit, car la production de Benoît Jacquot est superbe. Ensuite, j’abandonne définitivement le lyrique !
Pour quelles raisons ?
Je juge le travail avec un simple orchestre plus gratifiant. À l’opéra, il y a des semaines de répétitions avec de nombreux intervenants et, à mon âge, je trouve ça trop lourd, trop aléatoire… J’ai toujours aimé la fusion entre l’art du chef et celui des différents pupitres, sans les aléas des problèmes des chanteurs, des mises en scène, etc. Je vais donc m’y consacrer désormais.
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