Concerts et récitals Stabat Mater de Pergolesi à Aix-en-Provence
Concerts et récitals

Stabat Mater de Pergolesi à Aix-en-Provence

02/12/2025
Emmanuelle Haïm. © Caroline Doutre

Grand Théâtre de Provence, 22 novembre

Le Grand Théâtre de Provence ouvre ses portes à Emmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée, en tournée entre France et Espagne, pour une soirée livrée aux splendeurs du baroque napolitain. En dialogue avec les timbres intensément expressifs de Carlo Vistoli et Emőke Baráth, l’ensemble dessine une trajectoire d’une belle cohérence poétique, où la dévotion se charge tour à tour de douleur recueillie, de douceur suspendue et d’éclats virtuoses. Au centre, l’intemporel Stabat Mater de Pergolesi irradie comme un cœur palpitant, serti entre deux Salve Regina moins fréquentés – ceux de Domenico Scarlatti et de Leonardo Leo –, dont la clarté fervente répond avec justesse aux ombres plus dramatiques de l’œuvre maîtresse. Les pages concertantes de Francesco Durante et Pietro Locatelli, ciselées avec un panache discret, apportent une respiration vive, presque théâtrale, à ce voyage empreint d’une piété ardente.

Dès les premières mesures du Salve Regina en la majeur de Scarlatti, Carlo Vistoli impose un chant généreux, souple et sculpté, dont la ligne sinueuse épouse sans effort les mélancolies des différentes strophes. Son timbre charnu, allié à une virtuosité d’une élégance sans ostentation, se joue des ruptures rythmiques et tonales avec une aisance confondante. Emőke Baráth, dans le Salve Regina en fa majeur, plus lyrique, de Leo, fait affleurer une lumière frémissante : une émission claire, irisée de nuances, une manière de modeler la phrase qui en révèle, d’un trait sûr, la profondeur intime.

L’exécution du Stabat Mater laisse toutefois plus réservé. Non que la vision d’Emmanuelle Haïm manque de cohésion, mais certaines sections, entraînées par une battue trop métronomique, semblent perdre la force intérieure qui fait respirer l’ouvrage. Cette précipitation ponctuelle lisse par instants le drame, là où Pergolesi appelle un temps plus étiré, presque suspendu. Heureusement, solistes et instrumentistes, souvent unis dans une même tension doloriste, rendent justice aux passages les plus poignants de la partition.

Sous les applaudissements nourris, deux bis haendéliens – « Dolci chiodi, amate spine » extrait de La Resurrezione (1708) et « Who calls my parting soul from death? » tiré d’Esther (1732) – referment la soirée dans une atmosphère sereine, ultime respiration apaisée.

CYRIL MAZIN

Carlo Vistoli (contre-ténor)
Emőke Baráth (soprano)
Emmanuelle Haïm (dm)

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