Salle Favart, 16 juin
Un an, jour pour jour, après la disparition de Jodie Devos, à 35 ans, l’Opéra-Comique a rendu hommage à la soprano belge, qui, depuis son entrée à l’Académie de la maison en 2014 jusqu’aux masterclasses qu’elle donnait à son tour aux jeunes de l’Académie quelques jours à peine avant son décès – ce dont témoigneront Camille Chopin et Juliette Gauthier –, avait noué un rapport privilégié avec ce théâtre, où elle avait connu certains des plus grands succès de sa trop brève carrière.
Parmi les prises de parole, la sœur de la soprano a annoncé la création d’un Fonds Jodie Devos « pour promouvoir l’art lyrique auprès de nouveaux publics » et « soutenir les nouvelles générations ». On a entendu aussi l’actuel directeur du théâtre, Louis Langrée, en particulier sur l’Ophélie d’Ambroise Thomas dans laquelle il l’avait dirigée, ou encore Jérôme Deschamps, directeur en 2014, évoquant son succès fulgurant cette année-là lors d’un remplacement au pied levé de Sabine Devieilhe dans La Chauve-Souris. N’oublions surtout pas Laurent Campellone, venu entre deux représentations de La traviata à Tours – où elle aurait dû effectuer sa prise de rôle – témoigner du jeu de mystifications réciproques auquel tous deux se livraient en permanence.
De précieuses vidéos d’archives du théâtre, dessinant le portrait musical et humain d’une artiste éclectique et curieuse, s’intercalaient entre les différents numéros musicaux d’un programme qui touchait à tous les genres : opéra (monologue d’Hamlet par Lionel Lhote, dont elle avait été l’Ophélie, L’Enfant et les sortilèges), chanson (Le plat pays de Brel, par son compatriote le ténor Pierre Derhet), jazz (les frères Enhco, pianiste et trompettiste), comédie musicale (La Mélodie du bonheur, où elle a fait ses débuts, My Fair Lady), mélodie… Sans oublier l’opérette, avec le délicieux trio d’Ô mon bel inconnu de Reynaldo Hahn, et surtout, pour finir, le finale de l’acte II de La Chauve-Souris (« Douï-dou »), véritable hymne à la fraternité entonné par toutes et tous… voire par le public, grâce à une partition distribuée dans le programme !
Une soirée entre charme et gravité, larmes, rires et sourires, à l’image de cette lumineuse artiste.
THIERRY GUYENNE
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