Opéra Royal, 25 mai

Le Ring sur quatre ans du Saarländisches Staatstheater se poursuit en version de concert à l’Opéra Royal de Versailles avec Siegfried, avant le dernier opus prévu le 10 mai 2026. Dans cette deuxième journée, l’Orchestre du Théâtre National de la Sarre confirme la complexité de ses alliages de timbres, l’articulation implacable de ses cordes, le moelleux de son harmonie, entendus dans Das Rheingold (voir O. M. n° 194 p. 94 de juillet-août 2023) et Die Walküre (voir O. M. n° 202 p. 72 de mai 2024). Le chef Sébastien Rouland prend le parti de diriger Wagner avec un appareil mendelssohnien (dans la stratification gourmande) et une intériorité presque schumannienne, comme pour coller à la spontanéité naïve du fils de Siegmund et Sieglinde. On apprécie vraiment l’expérience sonore déployée par le directeur musical, grâce à un habillage permanent du dedans qui fait mieux chanter le dehors, mais il manque peut-être ce brin de rage et de tension qui aurait pu soutenir la dimension épique du récit. Si Sébastien Rouland cherche à exprimer les effets et le ressenti d’une musique de scène efficace, on aurait sans doute attendu davantage de tripes fédératrices et de mouvements circonstanciels.

La distribution continue de mettre tout le monde d’accord, à l’exception, sans doute, de Tilmann Unger, pour qui le flux mélodique du rôle-titre compte davantage que sa précision, que son orientation et que ses nuances. Paul McNamara interprète Mime en père aimant au moral d’acier, forant toujours plus loin dans le sens de l’expression, empruntant les chemins les moins évidents dans un dialogue aux voyelles assumées. La ligne bien ponctuée de Werner Van Mechelen (Alberich) transcende la composante maléfique du personnage, fidèle à son plan. Fafner se place en position de sage avec Hiroshi Matsui, qui met en avant la vie passée glorieuse d’un dragon face à la mort. Le Wanderer de Simon Bailey, attaché à la schizophrénie entre l’humanité et la déité de Wotan, est un bâtisseur de hauteur et de longueur, à partir de la matière fertile de chaque note. Au-delà de la certitude sereine de Bettina Maria Bauer (Oiseau de la forêt) et de l’apaisant bouquet chanté de Melissa Zgouridi (Erda), la Brünnhilde sans limites, à la rêveuse projection, d’Aile Asszonyi, apparaît comme la cerise sur le gâteau d’une représentation dont on ressort plutôt revigoré.

THIBAULT VICQ

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