Entretien du mois Renée Fleming
Entretien du mois

Renée Fleming

02/11/2022
ROH/Catherine Ashmore

À 63 ans, la soprano américaine n’a plus envie de se produire dans les rôles qui ont fait sa gloire ; elle leur a dit adieu avec une ultime Maréchale dans Der Rosenkavalier, au Metropolitan Opera de New York, en 2017. Elle ne veut pas, pour autant, arrêter de chanter en public, donnant de nombreux concerts, se produisant à Broadway et acceptant même, pour certaines occasions très spéciales, de revenir à l’opéra mis en scène. Après cinq années d’absence, deux rendez-vous l’attendent, cette saison. D’abord, le 22 novembre, la création scénique mondiale de The Hours de Kevin Puts, au Met, qui sera retransmise dans les salles de cinéma, en direct et en haute définition, le 10 décembre (Pathé Live pour la distribution en France). Puis, le 25 mars 2023, une nouvelle production de Nixon in China de John Adams, à l’Opéra National de Paris.


Armida à New York (2010). © Metropolitan Opera/Ken Howard

Vous avez fait en sorte, durant toute votre carrière, de ne pas être qu’une chanteuse d’opéra. Pourquoi ?

Cela a commencé avec le besoin que j’ai eu de me produire principalement en concert, pour pouvoir rentrer chez moi m’occuper de mes enfants. J’ai supposé que tout le monde le faisait, mais ce n’était pas le cas : la plupart de mes collègues chantent tout le temps de l’opéra. Et j’ai continué ainsi pendant plusieurs années. Puis j’ai commencé à faire des incursions en dehors du classique – d’autant que j’ai grandi en écoutant de nombreux styles différents, sans vouloir me spécialiser. J’y suis vraiment chez moi ; de plus, ces explorations m’ont permis de devenir une meilleure artiste. L’idée est, aussi, d’atteindre de nouveaux publics. Et puis, simplement, de nourrir ma curiosité intellectuelle. Ensuite, j’ai étendu mes activités au théâtre, et au théâtre musical. À présent, je débute une série de documentaires, Renée Fleming’s Cities That Sing, avec IMAX. Je suis si heureuse que nous ayons commencé avec Paris !

Le premier film a déjà été diffusé, le 18 septembre (1). Pouvez-nous nous décrire cette série ?

C’est un projet très excitant. Nous avons réfléchi à la façon dont certains programmes télévisés pouvaient associer une ville avec une passion – la nourriture, le plus souvent. Mon idée était d’essayer de suivre ce modèle, mais avec la musique, et surtout l’opéra, spécialement en Europe, où l’histoire de cet art est si riche. D’autant que le public connaît le répertoire sans en avoir conscience. À Paris, le film a été magnifiquement tourné par une équipe entièrement française. J’y chante avec Piotr Beczala, Alexandre Duhamel et Axelle Fanyo, une jeune soprano dont je suis fan. À cause de la pandémie, beaucoup de gens n’ont pas encore recommencé à voyager. Ces documentaires – notre prochain numéro sera consacré à Venise – sont une façon de leur permettre de le faire, en écoutant de la belle musique.

Parallèlement à votre carrière, vous avez rejoint des théâtres et des institutions culturelles, par exemple le Lyric Opera de Chicago, comme conseillère pour les projets spéciaux, en 2010…

Chicago a été un coup de chance, parce que je n’étais pas à la recherche de ce type de fonction. C’est le Lyric Opera qui m’a contactée, et les dix années que j’y ai passées ont été merveilleuses. Je suis toujours liée à la compagnie, mais je ne travaille plus pour elle en ce moment. Je suis actuellement conseillère artistique du John F. Kennedy Center for the Performing Arts, à Washington, qui présente les formes culturelles les plus diverses au public le plus large. J’y mène, depuis 2017, un projet avec le NIH (National Institute of Health). Il s’étend, à travers le pays, et même dans le monde, à un vaste réseau de personnes intéressées par les effets des arts sur notre bien-être. Récemment, la santé mentale est devenue une part importante de ce processus de découverte. Je suis vraiment passionnée par la défense de ce travail. Toujours au Kennedy Center, « Renée Fleming VOICES » est un autre programme formidablement satisfaisant, qui réunit les meilleurs interprètes de différents genres, y compris le jazz et les musiques du monde, sous l’égide d’une série de concerts, pour encourager les auditeurs à sortir de leur zone de confort, et à explorer d’autres territoires. J’ai, enfin, un projet amusant en préparation avec Mo Willems, un auteur à succès de livres pour enfants. Il écrit des paroles très drôles sur des airs d’opéras très célèbres, autour desquels nous allons créer une émission de télévision destinée au jeune public, que nous présenterons ensemble !

Peter Gelb, le directeur général du Metropolitan Opera de New York, affirme que c’est vous qui l’avez appelé pour lui parler du projet d’adapter The Hours en opéra…

Je lui ai présenté le projet conjointement avec le compositeur, Kevin Puts. Le Met a programmé beaucoup d’œuvres nouvelles, ces dernières années, mais je ne m’attendais pas à une réponse positive. Or, il a immédiatement dit oui.


Kelli O’Hara (Laura Brown), Renée Fleming (Clarissa Vaughan) et Joyce DiDonato (Virginia Woolf), à l’affiche
de The Hours, qui sera créé scéniquement, le 22 novembre au Met. © ROH/Catherine Ashmore

Qu’est-ce qui vous a séduits, Kevin Puts et vous, dans le roman de Michael Cunningham (1999) et le film de Stephen Daldry (2002) ?

Kevin et moi réfléchissions à des idées, quand quelqu’un de mon bureau a suggéré The Hours. C’était absolument parfait ! La distribution a un bon format avec, en son cœur, trois femmes de différentes époques, qui permettent d’aborder en même temps des sujets pertinents, comme les relations LGBTQ ou le sida, à un moment particulier de l’histoire des États-Unis. L’opéra est un moyen d’expression extraordinaire pour des histoires complexes comme celle-ci, dont la narration fait le lien entre plusieurs périodes.

Où Kevin Puts a-t-il puisé, dans ce roman et ce film plutôt introspectifs, une matière propice au chant ?

Greg Pierce a écrit le livret en étroite collaboration avec Kevin. Il a fait un travail phénoménal, notamment par sa manière d’utiliser les mots pour peindre une image musicale de ce qui se passe. Et avoir Phelim McDermott, qui a monté tant de productions intéressantes, comme metteur en scène, fait vraiment sens. Je suis absolument ravie !

Vous allez incarner le personnage de Clarissa Vaughan, joué par Meryl Streep à l’écran…

Parmi ces trois femmes, Clarissa était le choix évident pour moi. J’ai encore des vêtements des années 1990 ! Je n’avais jamais eu l’occasion de jouer des personnages de mon époque, c’était une opportunité formidable de l’explorer. Et le rôle est intéressant. Clarissa est confrontée à la disparition imminente de son meilleur ami, ce qui l’amène à se poser des questions sur les choix qu’elle a faits dans sa propre vie. C’est un problème plutôt complexe, et très moderne. La plupart des opéras parlent de sang, de vengeance, d’ambition, d’avidité – toute cette violence dessinée à grands traits –, quand The Hours propose un regard contemporain et contemplatif sur la manière dont nous menons notre existence.


Lucrezia Borgia à Washington (2008). © Karin Cooper

Vous avez créé The Hours à Philadelphie, le 18 mars dernier, en version de concert. S’agissant cette fois d’une production scénique, allez-vous vous pencher sur l’interprétation de Meryl Streep avant le début des répétitions, ou préférez-vous garder vos distances ?

J’ai vu le film à sa sortie, et je m’en souviens assez bien. Je n’ai pas nécessairement envie de le regarder maintenant, parce que Meryl Streep y est saisissante. Je ne voudrais pas être tentée de l’imiter ! Il me semble que Kelli O’Hara, qui sera Laura Brown, le personnage joué par Julianne Moore, a dit la même chose. Instinctivement, je pense que la seule chance que nous avons, en tant qu’interprètes, d’aborder ces rôles différemment, est de trouver une façon personnelle de les incarner.

Mais est-il intimidant de prendre le risque d’être comparée à Meryl Streep ?

Comment ne pas être intimidée à cette idée ? Mais je ne suis pas inquiète. L’expérience de la création d’A Streetcar Named Desire d’André Previn, d’après la pièce de Tennessee Williams, à San Francisco, en 1998, m’a appris que l’opéra était un moyen d’expression tellement différent que la comparaison avec le théâtre et le cinéma n’était pas vraiment possible – songez, pourtant, à toutes les actrices de légende, dont le nom est associé à Blanche DuBois ! La façon dont les personnages sont caractérisés, dont les idées sont explorées, est beaucoup plus étirée dans le temps. C’est une formidable opportunité de pouvoir atteindre les gens émotionnellement d’une manière que la parole n’est parfois pas en mesure d’assumer, parce que la musique a son propre langage.


Blanche DuBois dans A Streetcar Named Desire, avec Teddy Tahu Rhodes (Stanley Kowalski), à Chicago (2013). © Todd Rosenberg Photography

Votre approche du rôle se nourrit-elle aussi du roman Mrs. Dalloway de Virginia Woolf (1925), qui a inspiré le personnage de Clarissa Vaughan ?

Absolument ! Même le film de 1997, dans lequel Vanessa Redgrave incarne Clarissa Dalloway, a été très interessant pour moi. Et le suicide, bien sûr, est malheureusement un des thèmes de l’histoire. Il est de plus en plus pertinent, parce que nous traversons une crise mondiale de la santé mentale. Aux États-Unis, on vient de décider que les médecins devraient commencer à mener des examens de dépistage de l’anxiété. Et à juste titre, car cette période est vraiment difficile à vivre.

Que ressentez-vous à l’idée de votre retour à la scène lyrique, et plus particulièrement au Met, où vous vous êtes produite si souvent ?

Une grande excitation… Je n’avais pas très bien planifié les choses quand, en 2017, j’ai renoncé au répertoire que je chantais depuis si longtemps. Les projets mettent du temps à se concrétiser, et il a fallu faire avec la pandémie. Ce n’était pas mon intention d’attendre cinq ans, avant de revenir sur une scène d’opéra ! Mais cela a bien plus de sens dans le cas d’un rôle écrit pour moi. Je travaille beaucoup avec Kevin Puts, dont le langage musical est d’une qualité extraordinairement élevée, et en même temps accessible. C’est pourquoi il touche autant le public que la critique. Je me réjouis de revenir à Paris pour un autre opéra américain, Nixon in China, créé à Houston, en 1987. C’est un immense défi, que j’attends avec impatience. J’ai toujours été une admiratrice de John Adams, et je l’ai pratiquement harcelé, il y a dix ans, pour que nous fassions quelque chose ensemble. J’en ai donc enfin l’occasion !

Comment votre relation artistique avec Kevin Puts a-t-elle débuté ?

C’est une histoire intéressante. Nous sommes, tous les deux, allés à l’Eastman School of Music de l’Université de Rochester, dans l’État de New York. Le directeur de l’École m’a contactée à l’occasion d’une célébration importante, et m’a demandé si j’accepterais de travailler avec Kevin sur la création qu’il lui avait commandée. J’avais entendu parler de lui, parce qu’il avait déjà reçu le prix Pulitzer. J’ai dit oui, et c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés. La première version du cycle The Brightness of Light, composé par Kevin autour des lettres de l’artiste peintre Georgia O’Keeffe, n’était destinée qu’à moi, mais j’ai souhaité qu’il lui donne une ampleur plus théâtrale, en confiant à un baryton la voix de son mari, le photographe Alfred Stieglitz. Tout s’est alors mis en place, et j’interprète, en ce moment, The Brightness of Light en tournée, avec Rod Gilfry – mon Stanley Kowalski d’A Streetcar Named Desire, en 1998 !

Vous êtes associée au Met, non seulement comme interprète, mais aussi comme présentatrice des retransmissions dans les cinémas…

C’était vraiment ma maison pour l’opéra. Je suis très excitée que Decca et le Met s’apprêtent à copublier un enregistrement des meilleurs moments de mon histoire dans ce théâtre, où j’ai débuté le 16 mars 1991, en Comtesse Almaviva dans Le nozze di Figaro. En effet, beaucoup de projets parmi les plus intéressants que j’y ai faits ont été diffusés uniquement à la radio, parce qu’une grande partie de ma carrière s’est déroulée avant la mise en place des retransmissions, en direct et en HD, dans les cinémas. Cela m’a permis de m’écouter dans mes jeunes années ! Les chanteurs sont au sommet de leur forme entre 35 et 45 ans, environ. C’est durant cette période que nous avons la meilleure qualité de timbre et la plus grande force physique. Je ne pense pas que les gens se rendent compte de l’énergie qu’il faut pour chanter de l’opéra… J’ai pris beaucoup de plaisir à ce retour en arrière, même s’il a été très chronophage, parce que je voulais vraiment choisir le meilleur pour ce disque. M’entendre, après si longtemps, interpréter « Non mi dir » dans Don Giovanni m’a rappelé que Mozart était vraiment le test suprême. Si vous voulez être un grand artiste, Mozart vous montrera la voie.

Pourquoi avez-vous choisi la Maréchale dans Der Rosenkavalier pour vos adieux au grand répertoire ?

De tous mes rôles, la Maréchale a été mon préféré. C’est le personnage le plus complexe et le plus moderne que j’ai incarné ; sa vie intérieure est très riche. Elle est tellement plus intéressante que toutes ces victimes que j’ai jouées, au fil des années !

Comment votre interprétation du rôle a-t-elle évolué ?

Ma première Maréchale remonte, il me semble, à 1995. Mais je n’ai pas chanté le rôle tout le temps. Je l’ai abordé jeune, puis j’ai pris une longue pause, avant d’y revenir. Au début, je me préoccupais beaucoup de sa relation avec Octavian, qui me semblait tragique. Des années plus tard, avec l’expérience d’une vie, il m’est apparu que son grand problème était l’isolement, la solitude, le manque de pouvoir en tant que femme, dans la hiérarchie sociale de l’époque. Un point de vue complètement différent.


Ariadne dans Ariadne auf Naxos, à Baden-Baden (2012). © Andrea Kremper

Vous avez entretenu une relation particulière avec l’Opéra National de Paris pendant de nombreuses années. Comment cette histoire d’amour a-t-elle commencé ?

J’ai auditionné devant Hugues Gall, quand il était à la tête du Grand Théâtre de Genève, à ma sortie de la Juilliard School. J’ai chanté quatre ou cinq airs, alors que lui et les gens qui l’entouraient continuaient à parler. J’ai donc pensé que c’était un échec, mais j’ai eu le choc d’être invitée à l’Opéra National de Paris, sous son mandat, dans des répertoires très différents, où j’ai pu montrer tout ce que je savais faire : Mozart (Le nozze di Figaro, Don Giovanni), l’opéra français (Faust, Manon), Richard Strauss (Der Rosenkavalier, Capriccio), mais aussi Haendel (Alcina) et Dvorak (Rusalka)… Il ne manquait que le bel canto ! Tout jeune artiste a besoin qu’un directeur lui fasse confiance et lui donne sa chance. Dans ce cas, cela a vraiment été une grande opportunité pour moi. Et je connais d’autres personnes qui ont le même sentiment sur l’importance d’Hugues Gall dans leur carrière. Je suis immédiatement tombée amoureuse de Paris, et j’ai été enchantée d’y revenir régulièrement pendant une dizaine d’années. J’ai fini par y acheter un appartement ! C’est pourquoi, aussi, j’ai choisi cette ville pour notre premier documentaire filmé, avec IMAX.

Le public parisien est-il différent des autres ?

Pour moi, Paris est la capitale mondiale de l’opéra, avec au moins cinq théâtres lyriques en activité, tout au long de la saison. Aucune autre ville ne peut rivaliser avec elle. Le public est extraordinairement cultivé, reconnaissant, passionné. J’ai toujours été choquée que la musique ne soit pas nécessairement enseignée à l’école, en France. En d’autres termes, même si les Français n’ont pas obligatoirement une pratique de l’opéra – bien qu’il y ait quelques merveilleux chanteurs –, ils en sont les meilleurs amateurs.

Alexander Neef a-t-il dû insister pour vous convaincre de revenir à Paris, et sur la scène de l’Opéra Bastille, dans Nixon in China de John Adams ?

J’ai fait mes débuts au Santa Fe Opera, où Alexander était l’un des directeurs artistiques, alors qu’il devait déjà partir pour Paris. C’est là qu’il m’a dit qu’il voulait que je revienne chanter dans chacune de ses trois premières saisons. J’étais surprise, et aussi très honorée. Le « Gala lyrique » monté autour de moi, le 6 avril dernier, au Palais Garnier, dans la mise en espace de Robert Carsen, était très excitant, en Chanel, et avec le caractère festif de ce format. Et, à présent, Nixon in China. C’est tout ce que nous avons pu prévoir, car mon planning est impossible. Je fais trop de choses ! Alexander est formidable : il comprend l’attrait du glamour vocal. Beaucoup de directeurs font une fixation sur les metteurs en scène, mais le public aime aussi voir les chanteurs qu’il adore. L’idéal est de savoir conjuguer les deux.

Pour cette entrée de l’ouvrage au répertoire de l’Opéra National de Paris, vous incarnerez le couple Nixon avec un de vos partenaires de toujours, Thomas Hampson…

En effet, nous avons très souvent chanté ensemble, mais jamais à Paris, je crois. Nous avons, notamment, créé The Dangerous Liaisons de Conrad Susa, d’après le roman de Choderlos de Laclos, à San Francisco, en 1994. Il jouait le Vicomte de Valmont, et moi, Madame de Tourvel ; Frederica von Stade incarnait la Marquise de Merteuil. Thomas est un très grand artiste, qui fait un travail très intéressant sur le répertoire de la mélodie américaine.


Thaïs à New York (2008). © Metropolitan Opera/Ken Howard

Comment vous préparez-vous à interpréter un personnage historique comme Pat Nixon (1912-1993), qui a été tant photographiée et filmée ?

Faire des recherches sera amusant ! Mais une grande partie de l’opéra est onirique, avec des séquences de rêve qui ne sont pas basées sur la réalité historique. Je viens juste de commencer à apprendre le rôle, et je suis très stimulée par la musique de John Adams, qui n’est pas strictement minimaliste. Doctor Atomic m’a beaucoup impressionnée, lorsque j’ai vu sa reprise à Chicago, il y a quelques années. Et comme je vous l’ai dit, j’écrivais tous les mois à John Adams pour le convaincre de travailler avec moi. D’ailleurs, Kevin Puts s’inscrit, par certains aspects, dans son sillage… Je suis ravie de participer à cette aventure.

Êtes-vous attachée à ces formes très lyriques d’opéras contemporains, avec des airs et une ligne vocale développée ?

Les opéras de chambre aux distributions réduites, et traitant de sujets contemporains forts, comme le changement climatique, sont une alternative. Je suis heureuse d’être encore capable de chanter, à un âge où beaucoup de mes collègues ne se produisent plus ! Je dois voir, année après année, comment ma voix se maintient.

Vous exercez-vous toujours autant ?

Garder sa voix en bonne santé est un travail à plein temps ! Je dis aux jeunes chanteurs d’arrêter d’essayer d’avoir un son aussi mûr. Il s’agit de chercher à maintenir l’étendue et l’endurance. J’ai l’impression que je pourrai me produire en concert encore longtemps, parce que je choisis mes propres programmes, qui sont conçus sur mesure pour mes capacités. Mais l’opéra est beaucoup plus exigeant.

Avez-vous renoncé à votre répertoire classique, parce que vous y étiez moins à l’aise vocalement, ou justement avant de commencer à éprouver cette sensation ?

Je sais que le public nous pardonne de ne pas avoir l’âge de nos personnages, pour le plaisir de l’expérience musicale et vocale, mais après un certain temps, j’ai décidé que je n’allais plus jouer des jeunes femmes de 23, ou même 18 ans. Cela n’a aucun sens.

Propos recueillis par MEHDI MAHDAVI

(1) L’entretien a été réalisé le 22 septembre 2022.

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