Théâtre des Champs-Élysées, 8 juin

Triomphe pour le récital de Pretty Yende (dans la série « Grandes Voix »), emmené par le chef espagnol Pablo Mielgo, dont le geste souple et nerveux porte jusqu’à l’incandescence l’Orchestre National d’Île-de-France – avec pas moins de quatre Ouvertures (La forza del destino, Nabucco, La Vie parisienne et Die Fledermaus) d’une grande pertinence stylistique –, tout en sertissant pour la voix un écrin amoureux. Ce programme généreux et éclectique de tubes se partage entre pièces souvent chantées à la scène (Manon de Massenet) ou au concert (Rusalka, Die Fledermaus) et airs nouveaux laissant entrevoir des prises de rôle souhaitées.

Dans le répertoire familier, on retrouve les qualités de la soprano sud-africaine, un lyrique léger à l’étoffe pulpeuse, sinon opulente : aigus brillants, virtuosité habile, et charme immédiat, pour un air du « Cours-la-Reine» plein d’œillades, une émouvante « Invocation à la lune » de Dvořák, et une flamboyante « Csárdás » de Die Fledermaus

Avant cela, les quatre nouveaux airs laissent plus partagé. Dans la scène ouvrant l’acte IV d’Il trovatore, si le fiévreux récitatif se conclut par une cadence à l’intonation douteuse, le cantabile « D’amor sull’ali rosee » permet de déployer le galbe du timbre, avec des trilles nourris et des aigus suspendus (si bémol et ut, et même un joli bémol interpolé). Cela sera-t-il suffisant pour Leonora ? Réponse en mars prochain à Monte-Carlo ! De même pour Norma, dont le « Casta diva » est rendu joliment, avant une cabalette un peu expédiée et sans reprise. Mais le rôle-titre exige un tout autre métal. Franchement décevants enfin sont le « Boléro » sans élan des Vespri siciliani et un « Depuis le jour » de Charpentier en panne de sensualité, déparés par des problèmes de justesse et des sons fixes voire coincés.

Avec micro, le medley de comédies musicales américaines offre un finale joli quoique peu marquant, tandis que les deux rappels (« Paris Paris, Paris » de Joséphine Baker et « I Feel Pretty » de Bernstein, air fétiche de la cantatrice) achèvent de mettre en délire le public, qui lui réserve trois standing ovations.

THIERRY GUYENNE

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