Teatro Alighieri, 16 novembre
La « Trilogie d’automne » présentée dans la ravissante cité de Ravenna du 12 au 16 novembre se conclut avec une très honorable exécution du Messiah. L’Accademia Bizantina, solidement dirigée par un Ottavio Dantone des grands soirs, associée à l’excellent Chœur de la Cathédrale de Sienne « Guido Chigi Garacini », est la première source de satisfaction. Messiah d’une étonnante densité malgré les effectifs réduits et d’une éclatante vie intérieure. Le maestro italien livre une interprétation alerte, nerveuse et colorée de la partition, qu’il libère de toute emphase tout en la portant vers le grandiose. Sa vision séduit par sa ferveur religieuse mise au service de la musique et du message qu’elle est chargée de délivrer. Les solistes choisis pour ce concert unique unissent ainsi leurs forces et se laissent guider en toute confiance.
Alysia Hanshaw, à la diction irréprochable, dispense une voix de soprano fraîche et lumineuse, qui s’épanouit avec naturel dans l’aigu, qu’elle a limpide et brillant. Delphine Galou, moins en difficulté que dans le rôle de Bradamante qu’elle campait la veille, peine tout de même à cacher sa voix creuse privée d’ambitus et d’éclat, qu’elle tente de grossir en vain, sans pour autant recourir, comme dans Alcina, à de laides notes de passage, ou pire encore à une brutale voix de poitrine. Žiga Čopi peut dans cette œuvre s’exprimer avec plus de facilité et faire valoir un timbre plutôt séduisant dans les récitatifs, ainsi qu’une plus grande assurance vocale dans les nombreux airs dont il hérite, notamment dans la seconde partie où lui reviennent, curieusement, les interventions attribuées traditionnellement à la soprano. Christian Senn, enfin, fait de son mieux pour apporter son concours à ce puissant Messiah, d’une voix grise et parfois trémulante mais non sans une certaine probité musicale, où s’agrègent la puissance et la beauté d’un chœur qui impose à chacune de ses interventions nuances, couleurs et magnifiques gradations, se sachant porté par l’énergie contagieuse d’un formidable chef d’orchestre.
FRANÇOIS LESUEUR
Alysia Hanshaw (soprano)
Delphine Galou (contralto)
Žiga Čopi (ténor)
Christian Senn (basse)
Ottavio Dantone (dm)
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