Concerts et récitals Mélissa Petit et Ann Hallenberg à Peralada
Concerts et récitals

Mélissa Petit et Ann Hallenberg à Peralada

01/05/2025
Mélissa Petit et Ann Hallenberg. © Toti Ferrer

Esglesia del Carme, 20 avril

La première partie de ce concert en matinée était sacrée avec deux Salve Regina. Celui, assez austère, de Domenico Scarlatti, écrit à Madrid en 1757 – année de sa mort –, est servi par Ann Hallenberg avec discipline et style, mais aussi une projection un peu limitée.

L’acoustique favorable aux voix aiguës flatte davantage Mélissa Petit pour la version de Leonardo Leo qui, quoique antérieure d’au moins une décennie (la date précise est inconnue), paraît plus moderne par son style galant, d’une grâce pré-mozartienne : la soprano française en assume aisément l’écriture virtuose et la tessiture haut perchée, avec un charme qui fait passer quelques imprécisions.

La seconde partie, opératique, offrait à chacune un air lent et un rapide, et un duo les rassemblant.

La soprano fait feu de tout bois dans le brillant « Volate, amori » d’Ariodante de Haendel, avant de suspendre le temps dans « Tu del ciel ministro eletto » du Trionfo del tempo e del disinganno.

La mezzo suédoise avait choisi deux airs écrits pour Farinelli, un de ses chevaux de bataille. « Alto Giove » de Porpora lui permet de déployer un large cantabile, où l’on regrette seulement l’absence de messa di voce sur la phrase initiale, et le manque de tension de l’accompagnement orchestral d’Il Pomo d’oro, en tout petit effectif (quatre cordes et un orgue ou clavecin) et dirigé du violon par Zefira Valova. Un défaut qui affecte aussi le pathétique duo « Io t’abbraccio » de Rodelinda, joliment rendu malgré des voix manquant de fusion et ne jouant pas assez des frottements harmoniques.

C’est finalement le pyrotechnique « Son qual nave », écrit par Riccardo Broschi pour les capacités surnaturelles de son illustre frère le castrat, qui a constitué le sommet du concert, la mezzo alignant, avec le sourire, roulades sans fin, trilles et sauts de registres, en une joute jubilatoire avec l’orchestre déchaîné. En rappel, le flamboyant duo d’Ariodante « Bramo aver mille vite » a achevé dans la joie ce beau concert de clôture, d’un festival cette année très largement baroque.

THIERRY GUYENNE

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