Concerts et récitals Les Pêcheurs de perles à Aix-en-Provence
Concerts et récitals

Les Pêcheurs de perles à Aix-en-Provence

29/07/2025
Edwin Crossley-Mercer, Florian Sempey, Marc Minkowski, Elsa Benoit et Pene Pati. © Vincent Beaume

Grand Théâtre de Provence, 19 juillet

C’est en version de concert que Les Pêcheurs de perles entrent au répertoire du Festival d’Aix-en-Provence. La représentation contribue à l’anniversaire de Georges Bizet (1838-1875), mais comme l’indique Marc Minkowski au public en préambule, c’est aussi un hommage à Béatrice Uria-Monzon, disparue le matin même. Le solo de hautbois, avant les habituelles premières mesures aux cordes, surprennent un auditoire familier de la version de tradition de l’ouvrage. La version originale est en effet rétablie ce soir, avec en particulier la suite « Amitié sainte », plus alerte, du duo « Au fond du temple saint » entre Nadir et Zurga. Les Musiciens du Louvre, dirigés par leur chef historique et fondateur, ne manquent pas ce précieux rendez-vous et magnifient de bout en bout les beautés de la partition. Ceci dans un confortable équilibre entre voix et instrumentistes, ainsi qu’une rondeur de son très agréable, voire caressante à l’oreille, qui n’exclut pas non plus les grandes envolées : par exemple l’ensemble de grande force « Brahma, divin Brahma ! » qui conclut le deuxième acte.

En prise de rôle, Elsa Benoit interprète une touchante Leïla, souple pour les petits passages vocalisés, trilles et autres notes piquées de la conclusion du I (« Dans le ciel sans voile »), puis aux suraigus faciles et aériens dans sa cavatine du II (« Comme autrefois dans la nuit sombre »). C’est également le premier Nadir de Pene Pati, doué d’une prodigieuse diction et qui allège de nombreux passages, en délicat tenore di grazia. « Je crois entendre encore » est ainsi une merveille de douceur, chantée sur le souffle et d’une parfaite intonation, la majorité des aigus étant émis en voix mixte ou de tête.

Florian Sempey amène un contraste frappant de style et de volume, son Zurga puissamment projeté dégageant la plupart du temps un sentiment, parfois un peu uniforme, de colère. Son très bel air du début du III (« O Nadir, tendre ami de mon jeune âge ! ») offre plus tard un large spectre de nuances et dévoile davantage la part d’humanité du personnage. À noter aussi le formidable relief dramatique du duo avec Leïla qui suit, applaudi à tout rompre et obligeant le chef à interrompre la musique. Edwin Crossley-Mercer complète la distribution de sa voix large et richement timbrée qui confère de l’autorité à Nourabad. Pas impeccables à l’entame, ni en intelligibilité, ni en cohésion, les Chœurs de l’Opéra Grand Avignon se mettent vite en place et participent au succès triomphal obtenu à l’issue.

FRANÇOIS JESTIN

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