Concerts et récitals Lea Desandre au Festival de Pâques d’Aix...
Concerts et récitals

Lea Desandre au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence

29/04/2025
Lea Desandre et Thomas Dunford. © Caroline Doutre

Grand Théâtre de Provence, 15 avril 

Sous l’impulsion de Thomas Dunford, qui tisse la trame musicale depuis son luth avec une ardeur tout intérieure, l’ensemble Jupiter rayonne une fois encore, porté par la pureté et la justesse de chacun de ses instrumentistes. Dans une configuration épurée – un instrumentiste par partie, à l’exception des deux violons –, les sept airs extraits d’oratorios de Haendel prennent des allures de confidences murmurées. Moins majestueux sans doute, mais d’autant plus poignants, ils émeuvent par leur intensité nue, vibrante, suspendue entre recueillement et ferveur. Aussi chambriste soit-il, cet écrin sonore n’est nullement avare en rondeur, en couleur ou en dynamique – brillantes Dances from Terpsichore. Bien au contraire, il offre au timbre si touchant de Lea Desandre un soutien tour à tour ductile, sensuel et virtuose.

Écho à leur enregistrement Eternal Heaven, paru chez Erato en 2022, ce programme distille quelques merveilles dont on ne se lasse pas. Dès les premières mesures du sombre et plaintif « With Darkness Deep, as Is my Woe » (Theodora), la mezzo franco-italienne captive par la chaleur expressive et l’impact immédiat de son chant. Elle impose, en cette soirée – malgré l’acoustique toujours aussi peu flatteuse du Grand Théâtre de Provence pour le répertoire baroque – toute l’étendue de son talent. Très attentive au texte, elle cisèle admirablement chaque mot, porté par une diction d’une rigueur exemplaire. 

La puissance évocatrice des airs n’en est que plus manifeste : « Will the Sun Forget to Streak » (Solomon) libère une mélancolie divine, « As with Rosy Steps the Morn » (Theodora) bouleverse par sa simplicité lumineuse, « Guardian Angels » (The Triumph of Time and Truth) irradie de tendresse. Il faut aussi entendre avec quelle aisance elle sculpte les vocalises de l’injonction éclatante « Fly from the Threat’ning Vengeance, Fly! » (An Occasional Oratorio), du délicieux « Prophetic Raptures Swell » (Joseph and his Brethren) ou encore du fatal et obstiné « No, no, I’ll Take no Less » (Semele), pour mesurer l’exceptionnelle agilité de la chanteuse. Elle excelle à varier les effets, à renouveler l’ornementation, à colorer différemment chaque reprise. Par la grâce de ses inflexions lumineuses et la suavité de son registre grave, Lea Desandre, épaulée par l’ensemble Jupiter, a su, à en juger par les applaudissements nourris et les rappels enthousiastes, conquérir sans peine le public du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence.

CYRIL MAZIN

Pour aller plus loin dans la lecture

Concerts et récitals Mythologies "fin de siècle" à Paris

Mythologies "fin de siècle" à Paris

Concerts et récitals Macbeth sauvé des eaux à Washington

Macbeth sauvé des eaux à Washington

Concerts et récitals Intime Resurrezione à Saint-Denis

Intime Resurrezione à Saint-Denis