Concerts et récitals La Resurrezione de Haendel à Beaune
Concerts et récitals

La Resurrezione de Haendel à Beaune

25/07/2025
Margherita Maria Sala, Suzanne Jerosme, Céline Scheen, Thomas Hobbs et Thomas Dolié. © Ars Essencia

Basilique Notre-Dame, 11 juillet 

Pour son premier Festival de Beaune comme directeur, Maximilien Hondermarck a programmé un deuxième week-end confrontant l’Alessandro Scarlatti – dont on fête cette année le tricenternaire de la mort – de la maturité au jeune Haendel de l’époque de son séjour italien. Par ailleurs, la programmation s’est recentrée sur le baroque – alors que les éditions précédentes abordaient Mozart, Beethoven ou Rossini – tout en s’autorisant ponctuellement à remonter à la Renaissance, voire au Moyen Âge. Notons aussi une multiplication de l’offre des concerts – qui dépassent les trois de rigueur par week-end – et l’ouverture de nouveaux lieux, en plus des habituelles Cour des Hospices et Basilique.

Depuis le départ de son fondateur, le contre-ténor et chef Damien Guillon, Le Banquet Céleste continue son activité en s’appuyant sur une direction collégiale : une pratique originale qui fascine par l’écoute mutuelle de tous les instrumentistes qu’elle suppose, et la responsabilité qui incombe à chacun. Cela fonctionne indéniablement, et nous vaut, dans une partition aussi flamboyante que La Resurrezione, où maint solo instrumental virtuose émerge tour à tour (trompettes, hautbois, violoncelle), une mise en lumière inédite de certains détails d’orchestration, et une lecture quasi chambriste de plus d’un passage.

La contrepartie est un certain manque de variété et de théâtralité, avec en particulier l’adoption prudente – pour une mise en place efficace, a fortiori dans une acoustique aussi réverbérée que celle de la Basilique – de tempi assez mesurés, là où on attendrait un allegro plus débridé, comme dans les pièces introduisant chacune des deux parties, ou dans l’entrée de l’Ange ouvrant les portes de l’Enfer. On remarque aussi un léger temps de flottement dans la succession des parties d’un air, en particulier au da capo

Le soprano vif-argent de Suzanne Jerosme est un Angelo d’une virtuosité impeccable – coloratures interminables, trilles et aigus à foison… et contre- en variation ! – dans « Disseratevi, oh porte d’Averno ». Après son remarquable Argante de Rinaldo pour La Co[opéra]tive, le baryton-basse mordant de Thomas Dolié fait sensation en Lucifero, voix longue (du sol aigu au fa dièse grave !) et brillante, d’une morgue non dénuée de second degré. L’antagonisme de ces deux figures surnaturelles est aussi lisible que plaisant, dans leurs récits comme dans leur duo. 

Céline Scheen est une Maddalena éloquente, non sans minauderie toutefois dans sa posture (« Ho un non so che nel cor » ), et son soprano délicat tend à se durcir dans l’aigu. Merveille enfin que le contralto rare, par sa profondeur et sa chaleur, de la jeune Margherita Maria Sala, bouleversante Cleofe que les longues vocalises du « Naufragando và per l’onde » poussent à se surpasser. Un plateau quasi parfait, n’était le Giovanni assez inexpressif de Thomas Hobbs, à l’italien bien imparfait et laborieux de vocalise comme d’aigu.

THIERRY GUYENNE

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