Concerts et récitals Il primo omicidio à Beaune
Concerts et récitals

Il primo omicidio à Beaune

28/07/2025
Thibault Noally, Natalie Perez et Petr Nekoranec. © Ars Essencia

Cour des Hospices, 12 juillet

La musique de Scarlatti père reste peu jouée, mais de ses oratorios, Il primo omicidio est sans doute le plus donné, ayant même connu les honneurs de la scène à l’Opéra National de Paris en 2019, au Palais Garnier (voir O. M. n° 148 p. 55 de mars). À la tête de son ensemble Les Accents, Thibault Noally donne une lecture flamboyante et raffinée de cette partition à l’origine pour cordes seules et continuo, qui s’enrichit ici – comme dans l’enregistrement de René Jacobs qui fit date en 1997 chez Harmonia Mundi – d’un basson : certains da capo en sont variés, voire quelques passages-clés enrichis, notamment pour l’accompagnement de la Voix de Dieu. Regrettons quand même quelques momentanés écarts de justesse – peut-être dus à la chaleur – chez les cordes, et notamment dans le solo de violoncelle d’un air d’Adam.

Le plateau est sans faille, à commencer par les quatre protagonistes (le couple originel d’Adam et Ève et leurs enfants Caïn et Abel), tous habités avec une grande évidence, de la voix et du corps, par leurs interprètes. Musicienne prenante, Natalie Perez est une émouvante Eva au beau masque tragique, mais est-ce sa grossesse avancée qui lui fait rencontrer quelques fugaces problèmes de souffle ou de justesse ? C’est au contraire le mordant et la fermeté qui, sans exclure la souplesse, caractérisent l’Adamo de Petr Nekoranec, combinant perfection vocale à l’ancienne et noblesse du port.

Parfait contraste, tant vocal que physique, entre le soprano clair (mais au médium agréablement fruité) de Camille Chopin, Abel d’une grande fraîcheur, et le mezzo intense, au beau grave corsé sans être abyssal, de Mathilde Ortscheidt, Caino bouleversant par ses déchirures. Paul Figuier prête à la Voce di Dio son contre-ténor homogène et d’une belle expansion : dommage que le phrasé soit si peu varié, avec une émission comme saturée de son, et que sa posture agitée cadre si mal avec la transcendance de la parole divine. En Voce di Lucifero, Nicolas Brooymans se montre insidieux à souhait, de sa basse étendue et suprêmement modulée qui fait presque oublier une émission insuffisamment focalisée. Un concert magnifique qui suffit à exalter la théâtralité qui manquait si cruellement au spectacle de Romeo Castellucci à Paris.

THIERRY GUYENNE

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