Concerts et récitals Captivante Flûte à La Côte-Saint-André
Concerts et récitals

Captivante Flûte à La Côte-Saint-André

08/09/2022
Christophe Rousset et Sandrine Piau dans Die Zauberflöte. © Bruno Moussier

Cour du Château Louis XI, 29 août

Après Rigoletto, on franchit un pas avec Die Zauberflöte, donnée, elle aussi, sous forme semi-scénique, mais avec, en outre, un faux décor sous forme d’immenses projections, envahissant les deux côtés et le fond de la scène. Ces vidéos, signées par Benoît Bénichou, représentent une forêt, un serpent, des oiseaux, un temple, des statues, le ciel avec une montgolfière, des objets maçonniques, le tout animé avec humour.

Le lien avec Berlioz peut se justifier. Ne fût-ce que pour des raisons chronologiques, et même si l’on ne jouait pas, au XIXe siècle, tous les opéras de Mozart, Berlioz a pu se pencher plus facilement sur les partitions de l’auteur de Don Giovanni que sur celles de Verdi. De Die Zauberflöte, il louait « les magnificences religieuses » et l’Ouverture, « merveilleux morceau  », bien qu’il ait d’abord connu l’ouvrage sous la forme du « pasticcio » intitulé Les Mystères d’Isis.

À La Côte-Saint-André, Die Zauberflöte est interprétée par une pléiade de chanteurs aguerris, tous manifestement heureux d’être là, dans une vraie-fausse salle qui, de festival en festival, améliore son acoustique et révèle ses possibilités.

On n’en finit pas d’admirer Sandrine Piau qui, à 57 ans, a gardé intacte sa fraîcheur et incarne une Pamina tout en pudeur, avec des aigus lumineux et un naturel, dans l’expression comme dans le geste, qui ne peuvent qu’enchanter. Son ensemble avec les trois Génies (irréprochables Wiener Sängerknaben) est un moment de douce euphorie.

Jeremy Ovenden se révèle moins séduisant en Tamino, son souci du phrasé ne pouvant pas compenser des aigus tirés et une conception assez poussive du personnage. À ses côtés, Papageno est plus assuré, mais sans surprise : Christoph Filler joue autant qu’il chante, mais il chante bien, et joue au moins aussi bien.

De même, la Papagena de Daniela Skorka est espiègle comme il faut, dans un rôle certes  court, mais essentiel à l’équilibre de l’ouvrage. Quant à la Reine de la Nuit de Rocio Pérez, aux impeccables coloratures, elle réussit à alterner, dans son second air, la fureur qu’on attend et une tendresse furtive qu’on n’attendrait pas.

Les bonnes surprises viennent encore de Markus Brutscher, moins retors que les Monostatos habituels, mais très convaincant en geôlier maladroit, et surtout d’Alexander Köpeczi, qui a la force tranquille de Sarastro, son chant magnanime et ses vraies notes graves, profondes, souveraines, toujours timbrées.

Si l’on ajoute l’élégant Orateur de Christian Immler et les trois Dames, aux voix parfaitement dosées, on obtient une distribution captivante, à laquelle répond, avec ferveur, l’Ensemble Vocal de Lausanne.

Christophe Rousset nous offre une prestation joyeuse, pimpante, toujours acérée, avec, notamment, des flûtes et des trombones qui donnent un relief tout particulier aux couleurs de l’orchestre Les Talens Lyriques.

CHRISTIAN WASSELIN


Christophe Rousset et Sandrine Piau dans Die Zauberflöte. © Bruno Moussier

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