Concerts et récitals Amazilia à Fano
Concerts et récitals

Amazilia à Fano

04/09/2025
Giorgio Caoduro, Mariano Orozco, Manuel Amati, Paola Leoci, Noemi Umani et Michele Galbiati. © Luigi Angelucci

Teatro della Fortuna, 23 août

Pour sa quatrième édition, le festival « Il Belcanto ritrovato » avait choisi de se concentrer sur la production des compositeurs d’origine sicilienne et de ressusciter un opéra d’un des plus célèbres d’entre eux, Giovanni Pacini. Amazilia, « dramma per musica » en deux actes sur un livret de Giovanni Schmidt, créé en 1825 au San Carlo de Naples, porte la marque de l’héritage rossinien tant pour les formes que pour l’écriture vocale extrêmement virtuose des deux rôles principaux, destinés à Joséphine Fodor (Amazilia) et Giovanni David, le tenore contraltino de ses «opere serie» napolitains (Zadir). Mais elle diffère sur un point : la vocalise chez Rossini est un élément même de la mélodie. Ici, elle paraît souvent s’ajouter et être surtout destinée à faire valoir les possibilités de l’interprète, ce qui est particulièrement frappant dans le rôle du ténor, hérissé d’ornements suraigus et d’écarts de registre assez périlleux.

L’originalité de l’œuvre tient plus dans son contexte mettant en scène une lutte fratricide entre deux tribus indiennes à laquelle appartiennent les deux amants à l’époque de la conquête espagnole, que dans sa réalisation musicale, bien que le compositeur s’essaie avec un certain bonheur à introduire un élément de couleur « locale » à travers deux très beaux chœurs, un dans chaque acte. Deux duos, deux grandes scènes pour chacun des protagonistes, un trio introduisant le premier finale constituent les moments forts de la partition, mais c’est surtout au deuxième acte que Pacini réussit une parfaite intégration dramatique des numéros, évitant l’impression assez artificielle du premier, après une longue Ouverture très élaborée mais peu convaincante.

Paola Leoci crée une véritable surprise dans le rôle-titre, révélant un potentiel de soprano dramatique à l’aigu percutant que ne laissait pas deviner sa prestation dans La cambiale di matrimonio trois jours plus tôt. La voix est d’une puissance impressionnante et l’engagement transcende la relative banalité de l’écriture dans son rondo de l’acte II. Manuel Amati se joue avec finesse des chausse-trappes d’une écriture très complexe dans sa cavatine d’entrée mais paraît un peu léger, faute d’un médium plus nourri, pour sa grande scène de l’acte II où il est souvent couvert par le chœur masculin. Giorgio Caoduro offre à Cabana, le méchant de cette affaire, sa solide voix de baryton, moins sollicité que ses partenaires et la plupart du temps pour des scènes en récitatifs, à part son duo avec Amazilia. Enfin, on citera parmi les petits rôles la très belle basse chantante de Mariano Orozco et le joli timbre de Noemi Umani, ainsi que l’excellente prestation du Chœur du Teatro della Fortuna.

À la tête de l’excellent Orchestra Sinfonica G. Rossini, Enrico Lombardi réussit à faire vivre une œuvre au scénario assez improbable et à en révéler les aspects les plus originaux et les plus intéressants. Quelques projections numériques ajoutent un élément de décor à cette version de concert qu’enregistrait pour sa publication la firme Bongiovanni. Le lendemain au Teatro Sperimentale de Pesaro, trois élèves de l’Académie de perfectionnement de la Scala défendaient un programme où se retrouvait le nom de Pacini aux côtes de Pietro Antonio Coppola, Placido Mandanici et Mario Aspa, où il fait bien avouer que l’originalité faisait un peu défaut.

ALFRED CARON

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