Éditorial Diversité
Éditorial

Diversité

27/05/2024
Olivier Py. © Carole Bellaiche

« Diversité des formes, diversité des musiques (du classique au contemporain, en passant par le rap), diversité des genres (de la danse au cirque, en passant par la comédie musicale et l’opéra), le Châtelet est au carrefour des arts de la scène. » L’édito d’Olivier Py, dans le dossier de presse de la saison 2024-2025, résume bien la première programmation entièrement de sa main, qui s’inscrit dans le droit fil de l’histoire du Théâtre du Châtelet.

L’intéressé la présentant, lui-même, dans l’entretien qu’il nous a accordé, je n’y reviendrai pas dans le détail, sinon pour m’attarder sur trois propositions particulièrement alléchantes : Les Misérables de Boublil et Schönberg, du 22 novembre au 2 janvier ; Orlando de Haendel, du 23 janvier au 2 février ; et Le Docteur Miracle de Bizet, couplé avec L’Arlésienne, du 24 mai au 3 juin. Logique, me direz-vous, pour le directeur de la rédaction d’Opéra Magazine : Orlando et Le Docteur Miracle sont les deux seuls opéras affichés en 2024-2025, et Les Misérables sont l’une des comédies musicales les plus « opératiques » du répertoire.

Orlando, « dramma per musica », créé à Londres, en 1733, figure, selon moi, parmi les plus grands et originaux chefs-d’œuvre de Haendel. Il sera, de surcroît, dirigé par le toujours passionnant Christophe Rousset, et mis en scène par Jeanne Desoubeaux, dont le parti de transposer l’action au cœur d’un musée, en la revisitant à travers le regard d’enfants, est, a priori, stimulant – c’est toujours mieux que dans une usine ou une décharge publique !

Piloté par l’indispensable Palazzetto Bru Zane, le projet Bizet – dont on commémorera, en 2025, le 150e anniversaire de la disparition – remet à l’honneur le petit bijou qu’est Le Docteur Miracle, bref « opéra-comique » d’un compositeur de 18 ans, créé aux Bouffes-Parisiens, en 1857. Une explosion de bonne humeur et d’invention, couplée avec une adaptation, pour récitant, danseurs et chanteurs, de L’Arlésienne, « drame » en trois actes d’Alphonse Daudet (1872), qui permettra d’entendre, dans un contexte théâtral, l’intégralité de la musique de scène de Bizet. La présence d’Hervé Lacombe, éminent spécialiste du compositeur, aux commandes de l’adaptation est, a priori, un gage de réussite.

En 2010, Jean-Luc Choplin, alors directeur du Châtelet, avait fait le bonheur de son public en programmant Les Misérables, dans leur adaptation en langue anglaise. Olivier Py a l’excellente idée de revenir au français d’origine, celui de la création mondiale, à Paris, au Palais des Sports, en 1980. Pour cette version 2024, dans une nouvelle mise en scène de Ladislas Chollat, Alain Boublil a encore retravaillé le livret français, par rapport à sa deuxième édition, jouée au Théâtre Mogador, en 1991. Ne reste plus qu’à se laisser emporter par la musique de Claude-Michel Schönberg, dont la qualité mélodique et le pouvoir d’émotion ont séduit des millions de spectateurs à travers le monde.

Olivier Py doit diriger le Théâtre du Châtelet dans des conditions budgétaires contraintes. Cette programmation 2024-2025 est de bon augure pour la suite, comme l’est la ruée sur la billetterie pour Les Misérables, six mois avant la première représentation. Maintenant, reste à soulever le même enthousiasme pour tous les spectacles. Depuis sa fermeture pour travaux, en 2016, puis sa réouverture, en 2019, le Châtelet a perdu une partie des spectateurs fidélisés par Jean-Luc Choplin, entre 2006 et 2016.

Comme l’écrit le maître des lieux, en conclusion de son édito : « Nous n’avons plus qu’un espoir, c’est que le public nombreux vienne au Châtelet quelle que soit l’œuvre au programme, dans la confiance de vivre un moment d’exception, d’appartenir plus profondément à l’histoire en marche et d’affirmer sa présence au monde. »

RICHARD MARTET

Pour aller plus loin dans la lecture

Éditorial Promesse tenue

Promesse tenue

Éditorial Lueurs d'espoir

Lueurs d'espoir

Éditorial Perspectives

Perspectives