Comptes rendus Versailles rencontre ses Fantômes
Comptes rendus

Versailles rencontre ses Fantômes

27/06/2021

1 DVD + 1 Blu-ray + 2 CD Château de Versailles Spectacles CVS 036

En 2019, vingt-huit ans après leur apparition sur la scène du Metropolitan Opera de New York, The Ghosts of Versailles (Les Fantômes de Versailles) tentaient de conquérir la France, précisément à Versailles, dans le cadre prestigieux de l’Opéra Royal (voir O. M. n° 158 p. 63 de février 2020).

Les 7 et 8 décembre, Château de Versailles Spectacles procédait à une captation de cette coproduction avec le Glimmerglass Festival, dont témoigne ce généreux coffret, contenant deux CD, un DVD et un Blu-ray. Mais, comme pour La Flûte -enchantée (voir plus loin), pourquoi ne pas s’être contenté de la seule vidéo, d’autant que l’absence de livret ne facilite pas vraiment l’écoute audio, alors que DVD et Blu-ray affichent des sous-titres bienvenus ?

La réalisation efficace d’Olivier Simonnet confirme les impressions ressenties dans la salle : une mise en scène (Jay Lesenger) intelligente, lisible, claire, parfaitement adaptée au lieu, de surcroît ; des décors (James Noone) et costumes (Nancy Leary) tout aussi adéquats. Rien ne saurait indisposer des spectateurs rapidement happés par l’action développée dans le livret de William M. Hoffman, d’une habileté désarmante dans sa vision d’une histoire de France fantasmée. Ajoutons à cela une interprétation sans faille, celle d’une véritable équipe, motivée, unie, pugnace. D’excellents chanteurs, doublés de comédiens de haut vol : comment leur résister?

Reste la musique, à laquelle Joseph Colaneri, à la tête d’un brillant Orchestre de l’Opéra Royal, apporte le dynamisme nécessaire. S’y retrouve-t-on vraiment dans la partition de John Corigliano (né en 1938) et le « polystylisme » revendiqué par le compositeur américain ? Rassurante, pour ceux qu’un avant-gardisme pur et dur rebuterait, se référant sans complexe à la grande tradition lyrique, elle n’agresse pas l’oreille, mais ne laisse pas, pour autant, d’impression durable. Sans le spectacle, que resterait-il de The Ghosts of Versailles ? On peut se poser la question.

En complément, un émouvant documentaire, d’une quarantaine de minutes, dans lequel John Corigliano raconte la genèse de sa symphonie Of Rage and Remembrance (1991), évocation de plusieurs de ses amis emportés par le sida.

MICHEL PAROUTY

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