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Comptes rendus

Véronique Gens fête les 10 ans du Palazzetto à Venise

30/09/2019

Scuola Grande San Giovanni Evangelista,

20 septembre

Il y a dix ans, le Centre de Musique Romantique Française inaugurait ses activités dans les locaux du Palazzetto Bru Zane, à Venise. Pour célébrer l’événement, Véronique Gens offre, dans la Scuola Grande San Giovanni Evangelista, à deux pas du Palazzetto, un récital baptisé « Une nuit d’été » où, malgré l’intitulé, ne figure qu’une seule des Nuits d’été de Berlioz : L’Île inconnue.

Il est vrai qu’il ne faut pas chercher ici, dans le mot « romantique », la quête acharnée d’une définition. Le Palazzetto Bru Zane invite des interprètes désireux de défendre et d’illustrer ce qu’on appelle « le grand XIXe siècle » (qui va, approximativement, de la Révolution française à la Première Guerre mondiale), et de ressusciter, par le biais de l’édition de partitions et de disques, et bien sûr de concerts, des compositeurs oubliés.

De Fauré au méconnu Fernand de La Tombelle, le programme de Véronique Gens brosse un portrait de ce qu’on appellera à la fois un genre, une époque et une sensibilité : la mélodie française. Si Nocturne (Trois Poèmes de Lekeu) et La Lune blanche (La Bonne Chanson de Fauré) la trouvent encore retenue, Désir de l’Orient de Saint-Saëns, avec son brillant postlude instrumental, permet à la chanteuse de se donner tout entière à sa fantaisie, tout en gardant une simplicité aristocratique dans la manière d’aborder les mots.

Il faut rappeler que la Scuola Grande San Giovanni Evangelista, régulièrement investie par les initiatives du Palazzetto Bru Zane, est un lieu magnifique, mais d’une acoustique qu’il faut savoir apprivoiser, ce que réussit Véronique Gens au fil de la soirée. Chanson perpétuelle de Chausson et Ceux qui, parmi les morts d’amour de Ropartz, sur un texte de Heine, sont plus encore pour elle l’occasion d’atteindre à cette union de la musique et du texte, qui est l’enjeu du lied et de la mélodie depuis toujours.

Alexandre Dratwicki, directeur scientifique du Palazzetto Bru Zane, a transcrit pour quatuor à cordes et piano, la quasi-totalité des mélodies originellement conçues avec clavier ou avec orchestre, et ce afin de permettre à de jeunes voix, à l’avenir, de ne pas se contenter du seul piano, sans pour autant se lancer aussitôt dans le grand bain orchestral.

Artiste confirmée, Véronique Gens joue le jeu cependant et laisse porter sa voix par les cinq instruments. De leur côté, les musiciens de l’ensemble I Giardini, peut-être intimidés par le lieu, prennent le temps de s’épanouir ; si les violons ne sont pas très assurés au début, le mariage avec la voix, dans Nuit d’Espagne de Massenet, fait merveille.

Résumer avec une pareille réussite 10 ans de recherches et de découvertes, voilà qui augure fort bien des dix années à venir !

CHRISTIAN WASSELIN

PHOTO © PALAZZETTO BRU ZANE

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