Comptes rendus Sublimes Vêpres à Versailles
Comptes rendus

Sublimes Vêpres à Versailles

04/03/2019

Chapelle Royale,10 février

Il y a différentes manières, on le sait, d’interpréter les célébrissimes Vêpres de la Vierge de Monteverdi. Pour ce concert de la saison musicale de Château de Versailles Spectacles, Raphaël Pichon, à la tête de son ensemble Pygmalion, opte pour un style résolument grandiose et théâtral : effectif imposant (31 instrumentistes, 30 choristes) ; jeux de lumière en osmose avec les variations de climat de l’œuvre et le sublime décor de la Chapelle Royale (bravo à Bertrand Couderc !) ; musiciens et chanteurs disposés en différents endroits (chœur, tribune…) pour créer de saisissants effets de spatialisation du son.

Dans cette impressionnante « représentation » liturgique, tout est admirable : la direction puissamment inspirée de Raphaël Pichon ; la qualité irréprochable de son ensemble Pygmalion (orchestre et chœur) ; la virtuosité et l’intensité des solistes, pour l’essentiel des voix d’opéra.

Impossible d’oublier, par exemple, le duo formé par Emiliano Gonzalez Toro et Zachary Wilder. Poussant l’expressivité jusqu’à son paroxysme, osant des tensions presque insoutenables dans le haut de la tessiture, les deux ténors laissent l’auditeur bouche bée, les interventions d’Olivier Coiffet, membre de l’ensemble Pygmalion, leur offrant un juste contrepoint.

Côté féminin, on retrouve trois cantatrices françaises parmi les plus en vue de la jeune génération. Lea Desandre, Eva Zaïcik et Lucile Richardot savent s’effacer derrière le génie montéverdien, sans rien renier de leur personnalité. Leurs différences de timbre et de sensibilité servent admirablement le propos d’un Raphaël Pichon soucieux d’accentuer au maximum les contrastes.

Les trois basses ne sont pas en reste. Nicolas Brooymans, Renaud Bres et Geoffroy Buffière possèdent des voix sonores et parfaitement rompues aux exigences de cette musique, que nous avons rarement entendue aussi bien servie sur le vif.

RICHARD MARTET

PHOTO : Eva Zaïcik, Raphaël Pichon et Lea Desandre. © PASCAL LE MÉE

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