En Italie, on la surnommait « la prudentissima », en référence à la manière exemplaire dont elle avait mené ses cinquante années de carrière (1955-2005). Mirella Freni vient de nous quitter, le 9 février, à la veille de son 85e anniversaire, dans la ville de Modène où elle avait vu le jour, le 27 février 1935. Pour les amateurs d’opéra, c’est un choc, tant la soprano italienne, dans sa manière d’être comme de chanter, avait quelque chose d’immédiatement attachant. Tous ceux qui l’ont vue en scène en Mimi de La Bohème, son rôle emblématique, n’ont jamais oublié l’émotion qui les étreignait dès son apparition, au premier acte. Son timbre rayonnant et plein, qui se projetait dans les plus grandes salles sans l’ombre d’un effort, la fraîcheur de ses incarnations faisaient également merveille en Adina de L’elisir d’amore, Nannetta dans Falstaff, Desdemona dans Otello, Suzel dans L’amico Fritz, Susanna dans Le nozze di Figaro, Zerlina dans Don Giovanni ou Micaëla dans Carmen. Et puis, la maturité venue, comment oublier sa Manon Lescaut, son Adriana Lecouvreur, sa Tatiana d’Eugène Onéguine et sa Lisa de La Dame de pique ? Les disques, heureusement, sont là, nombreux, pour porter témoignage de l’art d’une soprano entrée de son vivant au Panthéon des grandes cantatrices du XXe siècle.
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