Comptes rendus Ludovic Tézier en duo à Paris
Comptes rendus

Ludovic Tézier en duo à Paris

06/12/2021

Salle Gaveau, 23 novembre

Un nouveau producteur de concerts (principalement vocaux) avec orchestre, dénommé « Be Classical » et animé par le jeune ténor franco-américain Jesse Mimeran, présente, en ce 23 novembre, Salle Gaveau, la première de ses soirées musicales. Elle est confiée à deux chanteurs français, le baryton Ludovic Tézier et la soprano Cassandre Berthon, unis à la scène comme à la ville.

On peut d’emblée regretter un très gros manque d’organisation, avec un accueil chaotique du public, le concert commençant avec un retard certain. Ces défauts devront absolument être corrigés, lors des prochains récitals : Roberto Alagna (10 décembre) ; Bryan Hymel & Jesse Mimeran (11 janvier 2022) ; Nadine Sierra (18 février) ; Olga Peretyatko & Valentina Nafornita (8 mars).

Si les duos mozartiens, extraits des Nozze di Figaro (« Crudel ! Perché finora ») et de Don Giovanni (« Là ci darem la mano»), trouvent Ludovic Tézier particulièrement attentif à ne pas couvrir la voix délicate de Cassandre Berthon, le baryton s’impose sans réserve dans « Voici des roses » (La Damnation de Faust) et « Sois immobile » (Guillaume Tell). Royal, l’instrument y fait valoir son autorité, sa largeur impressionnante, son art de la déclamation, son souci de l’articulation juste.

Le duo « Ah ! doute de la lumière », extrait de l’Hamlet d’Ambroise Thomas, fait regretter que Ludovic Tézier n’ait eu, depuis longtemps, l’occasion de rechanter ce rôle majeur du répertoire français… Mais il est vrai que c’est dans Verdi qu’il est, aujourd’hui, sans rival : la « Mort » de Posa (Don Carlos, avec les brèves interventions de Jesse Mimeran) surpasse encore les morceaux précédents, montrant un souffle admirablement maîtrisé et un aigu éclatant. L’art de la mélodie (L’Invitation au voyage de Duparc) fait, également, partie du bagage de ce chanteur d’exception.

Cassandre Berthon demeure une musicienne fine et sensible, dans Mozart (« Deh vieni, non tardar ») comme dans Berlioz (Le Spectre de la rose) ou Poulenc (Les Chemins de l’amour). Pour la célèbre « Barcarolle » des Contes d’Hoffmann, elle est rejointe par la mezzo suisse Marina Viotti, belle voix sensuelle et d’une grande plénitude.

Les bis peuvent surprendre, car consacrés à la chanson française. Avec micro, Ludovic Tézier, en duo avec Marina Viotti, puis avec Cassandre Berthon, propose deux chefs-d’œuvre du genre – Les Feuilles mortes et Sous le ciel de Paris – qui viennent clore, d’une note plus souriante, ce beau récital.

Dirigé par Mathieu Herzog, son chef fondateur, l’ensemble Appassionato, malgré un effectif réduit, s’efforce de répondre au mieux aux sollicitations des solistes.

Un mot, pour finir, de la partie visuelle. L’objectif de « Be Classical » est d’offrir une approche différente du récital traditionnel, avec l’utilisation directe des lumières. Ainsi, on nous annonce une « scénographie en lumière, orchestrée par le studio Épatant et le collectif Scale ». Un important dispositif électrique, constitué de néons disposés en gradins sur la scène, à l’arrière et sur les côtés, vient souligner, d’un panachage de couleurs fixes ou évolutives, chaque morceau pour mieux le mettre en valeur.

Pourquoi pas ? Mais le procédé risque un peu de lasser et la plus-value apportée, du moins à ce premier concert, ne saute pas aux yeux…

JOSÉ PONS

PHOTO © DR

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