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Comptes rendus

L’Instant Lyrique poursuit sa route à Paris

18/04/2021

Salle Gaveau, Grande Salle/YouTube, 31 mars

Le 31 mars, « L’Instant Lyrique » du ténor mexicain Arturo Chacon-Cruz a eu lieu dans une Salle Gaveau rénovée, mais toujours privée de public, pour une retranmission en direct sur YouTube.

La découverte de ce programme bigarré, constitué de chansons en italien et espagnol, de standards américains et d’airs d’opéra, nous fait d’abord craindre le pire. Commencé en fanfare par le célèbre Caruso de Lucio Dalla, abordé avec simplicité et franchise, mais également ce qu’il faut de coffre, ce récital a pour objectif de présenter l’artiste sous l’angle du chanteur de charme, à la voix solaire et à l’aigu facile.

Torna a Surriento, émis avec naturel, confirme, tout comme le plus surprenant What a Wonderful World, combien l’interprète sait jongler avec les styles et passer, avec élégance et décontraction, d’un univers à l’autre. Sa manière de raconter une histoire et de la vivre avec passion se retrouve dans Besame mucho, où son art de crooner est des plus convaincants.

L’Hallelujah de Leonard Cohen est sans doute limite, mais heureusement, le ténor sait rééquilibrer l’ensemble avec un sensuel Del cabello mas sutil d’Obradors, ou chanter avec ses tripes l’accrocheur « No puede ser», extrait de La tabernera del puerto – un air immortalisé par son mentor Placido Domingo, dont on sent ici la forte influence.

Ayant accepté de répondre aux sollicitations de Barbara Hannigan et de son programme « Momentum », qui a pour but de promouvoir les jeunes talents, Arturo Chacon-Cruz a, de bonne grâce, accordé une place, au sein de son récital, à Sara Blanch. La voix de la soprano espagnole, ronde et fluide, au timbre délicatement ambré, aussi précise qu’inventive dans les vocalises, convient idéalement à Linda di Chamounix (« O luce di quest’anima »), ainsi qu’à L’elisir d’amore, dans lequel on la retrouve, un peu plus tard, en duo avec son partenaire (« Una parola, o Adina »).

Doué pour la métamorphose, Arturo Chacon-Cruz ne choisit pas la facilité pour conclure : exécuté avec assurance, un phrasé régulier et un instrument au galbe chaleureux, « Cielo e mar ! » (La Gioconda) fait grand effet, à l’instar de « Nessun dorma ! » (Turandot), chanté avec le cœur et des accents d’une réelle sincérité, autant d’éléments qui viennent s’ajouter au capital sympathie dégagé par l’artiste.

Avec « Tonight », l’inoubliable duo extrait de West Side Story, platement accompagné au piano par Antoine Palloc, Arturo Chacon-Cruz et Sara Blanch prolongent plus qu’agréablement ce rendez-vous parisien, certes virtuel, mais ô combien indispensable en ces temps de crise sanitaire.

FRANÇOIS LESUEUR

PHOTO © OLIVIA KAHLER

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