Comptes rendus La Ville morte tient sa référence en DVD
Comptes rendus

La Ville morte tient sa référence en DVD

19/09/2021

2 DVD Bayerische Staatsoper Recordings BSOREC 1001 & 1 Blu-ray BSOREC 2001

Le Bayerische Staatsoper de Munich filme systématiquement ses nouvelles productions depuis 2011, abondant un fonds d’archives qu’il entreprend, à présent, de publier sous son propre label. Des CD, DVD et Blu-ray estampillés « Bayerische Staatsoper Recordings » avec, pour première parution, cette prestigieuse captation de Die tote Stadt, réalisée en décembre 2019 (voir O. M. n° 157 p. 46 de janvier 2020).

Il s’agit indéniablement de l’un de ces spectacles de l’ère Nikolaus Bachler, pour lesquels l’Opéra munichois aurait pu facilement vendre dix fois plus de places qu’il n’y en avait de disponibles. Il va désormais pouvoir être apprécié par un public beaucoup plus large, dans d’excellentes conditions.

Confort sonore, d’abord, pour une somptueuse restitution du travail de Kirill Petrenko, à la tête d’un orchestre de grande tradition wagnérienne et straussienne : la spontanéité de l’enregistrement sur le vif, mais avec la perfection technique d’une gravure de studio.

Le timbre de Jonas Kaufmann est, lui aussi, restitué avec un luxe d’écoute exceptionnel : tout en miel, ombres et velours, dans un rôle pourtant tuant sur la durée. Et la perspective est encore plus généreuse pour Marlis Petersen, perceptiblement étoffée par rapport à la voix plus émaciée que l’on percevait depuis la salle, rééquilibrage dont on ne va évidemment pas se plaindre.

Visuellement, aussi, le produit est passionnant. Dans ce qui fut, en 2016, sa toute première mise en scène lyrique, production bâloise que Munich a importée, Simon Stone maîtrisait déjà, à la perfection, des procédés de réactualisation qu’il a, peut-être, eu trop tendance à ressasser dans ses travaux ultérieurs. Ici, l’équilibre entre modernité, finesse psychologique et virtuosité scénique est idéal.

De surcroît, le décor blanc et froid d’appartement design contemporain, dans lequel se déroule toute l’action, passe très bien à l’écran ; et la réalisation de Myriam Hoyer peut abuser sans dommages des plans rapprochés, Jonas Kaufmann et Marlis Petersen affichant une crédibilité et une présence dignes des meilleurs suspenses hitchcockiens.

Si ni l’un ni l’autre n’ont tout à fait la classe de James Stewart et Grace Kelly dans Rear Window (Fenêtre sur cour), ce n’est qu’en raison de leur soumission parfaite à toutes les exigences d’une mise en scène qui, parfois, se complaît dans un rien de vulgarité en trop. Mais, pour des chanteurs d’opéra, quel époustouflant travail !

Pour ces deux-là, et pour la direction de Kirill Petrenko, et même si la mise en scène reste atypique, un document essentiel, à inscrire tout en haut de la vidéographie de Die tote Stadt.

LAURENT BARTHEL

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