Teatro di San Carlo/www.mymovies.it, 19 mars
Après ses débuts dans le rôle, à Zurich, en 2019 (voir O. M. n° 151 p. 69 de juin), Julie Fuchs retrouve Fiorilla pour sa première apparition au Teatro di San Carlo de Naples, qu’elle considère aussi comme ses « vrais » débuts en Italie. Sans public et en streaming, certes, mais avec l’accueil d’une véritable star – filmé le 27 février, le concert, diffusé d’abord le 19 mars, est resté disponible, jusqu’à la fin du mois, sur la plateforme MYmovies.
C’est la soprano française que met en évidence le communiqué de presse du théâtre, et elle est la seule à avoir le privilège de différer son entrée jusqu’au moment de chanter ses premières notes – tous les autres étant arrivés avec le chef d’orchestre et l’attendant sagement.
Le résultat ne déçoit pas. Julie Fuchs incarne Fiorilla avec naturel, et la théâtralité qu’elle confère à son personnage naît uniquement des inflexions de la voix. La virtuosité est confondante, et l’on admire autant la fluidité des vocalises que la rigueur rythmique.
À ses côtés, Paolo Bordogna offre un Geronio superbe de verve, de rondeur et de puissance. Après un début un peu fade, le Narciso de Ruzil Gatin s’anime joliment dans « Tu seconda il mio disegno », mais si le médium est suave, le registre supérieur semble se rétrécir, au point de sonner de façon nasillarde.
Marko Mimica ne manque pas d’élégance en Selim, avec notamment un timbre empreint de noblesse, mais certains aigus du rôle sont trop tendus. Excellent, le Prosdocimo d’Alessandro Luongo, les comprimari faisant mieux qu’honorer le cahier des charges.
Malgré les contraintes de placement et de masques (à enlever et à remettre pour les seconds), l’orchestre et les chœurs du San Carlo semblent heureux. Carlo Montanaro dirige avec un allant souriant : si son métier évident frise parfois la routine, il sait se ressaisir pour donner l’influx requis dans les grands moments.
NICOLAS BLANMONT
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