Auditori Parc del Castell, 25 juillet
Cette Tosca concertante, avec les forces du Teatro Real et les trois stars qui venaient de faire délirer le public madrilène dans les rôles principaux (production de Paco Azorin), s’annonçait comme l’événement de l’édition 2021 du Festival. Avouons que le résultat n’a pas été complètement à la hauteur de nos attentes – ni, d’ailleurs, de celles du public.
La plus applaudie a été Sondra Radvanovsky en Tosca, et ce n’est que justice. Jouant à fond la carte du mélodrame, parfois jusqu’à l’outrance – les chanteurs, même sans décor ni costumes, jouent comme s’ils étaient en scène –, la soprano américano-canadienne tient les spectateurs en haleine par l’intensité de ses accents, la puissance dévastatrice de ses contre-ut et la beauté de ses pianissimi.
Un cran en dessous à l’applaudimètre, Carlos Alvarez chante très bien – sans doute mieux, en termes de beauté du timbre et de pureté de la ligne, que Sondra Radvanovsky. Mais le baryton espagnol n’a pas l’ampleur, ni la séduction maléfique du chef de la police romaine. Preuve, s’il en était besoin, qu’un excellent Iago ne fait pas automatiquement un grand Scarpia.
Faut-il s’étonner de l’accueil chaleureux, mais sans enthousiasme particulier, réservé à Jonas Kaufmann par un public qui, pourtant, l’adule ? Dans un mauvais soir, le ténor allemand lutte pour garder la justesse dans les moments de douceur, passant systématiquement en force les aigus clés de Cavaradossi. Dans ces conditions, bisser « E lucevan le stelle » revient à se tirer une balle dans le pied… Et, dans le duo qui suit (« Trionfal di nova speme »), Sondra Radvanovsky ne fait qu’une bouchée d’un partenaire vocalement à bout de ressources.
Corrects, les comprimari ne méritent pas de mention particulière. Si les chœurs du Teatro Real sont comme toujours somptueux, l’orchestre, en revanche, est capable de mieux, se contentant ici d’une efficace routine. La baguette de Nicola Luisotti, trop lente et avare de tension dramatique, n’a, il est vrai, rien de spécialement stimulant.
RICHARD MARTET
PHOTO © MIQUEL GONZÁLEZ – SHOOTING