George Petean (Il Conte di Luna)
Hui He (Leonora)
Marie-Nicole Lemieux (Azucena)
Roberto Alagna (Manrico)
Nicolas Testé (Ferrando)
Ludivine Gombert (Ines)
Julien Dran (Ruiz)
Bertrand de Billy (dm)
Charles Roubaud (ms)
Dominique Lebourges (d)
Katia Duflot (c)
Jacques Rouveyrollis (l
Camille Lebourges (v)
Théâtre Antique, 1er août
La dernière présentation d’Il trovatore aux Chorégies d’Orange remontait à l’été 2007, avec déjà Charles Roubaud aux commandes – alors accompagné par une équipe de collaborateurs différente, en dehors de la costumière Katia Duflot – et Roberto Alagna en Manrico (voir O. M. n° 21 p. 44 de septembre). Pour cette édition 2015, Charles Roubaud s’est appuyé sur le dispositif efficace conçu par Dominique Lebourges, qui divise en deux la scène dans le sens de la largeur, avec l’apport d’un grand plan incliné permettant à l’action de passer aisément d’un espace à l’autre.
De très beaux tableaux d’ensemble s’imposent : l’apparition fantomatique des religieuses, tout de blanc vêtues, à l’entrée de Leonora au couvent ; la frénésie débridée des Gitans, entourant la roulotte d’Azucena… Les superbes vidéos de Camille Lebourges – forêt, cloître, incendie, mais aussi la partie centrale du Dernier Jour de Pompéi, vaste toile préromantique de Karl Briullov – ponctuent le spectacle, avec le concours des lumières de Jacques Rouveyrollis.
Les déplacements des masses sont adroitement réglés, par contraste avec ceux des solistes, un brin statiques, au point que la tension dramatique s’en ressent. Mais si l’ensemble se laisse regarder avec plaisir, le résultat demeure un peu en deçà des qualités intrinsèques de l’ouvrage.
La direction de Bertrand de Billy, à la tête de l’Orchestre National de France, impulse heureusement la dynamique nécessaire, entre puissance expressive et raffinement. La musique de Verdi vit et resplendit sous sa battue. Les chœurs réunis pour cette production, venus des Opéras d’Avignon, de Nice et de Toulon, sont parfaitement à l’écoute et à l’unisson du chef.
Côté solistes, le public des Chorégies ne s’y est pas trompé : il a réservé un triomphe grandement mérité à George Petean, Luna en tout point admirable. Voici bien un exemple d’authentique baryton verdien, avec une voix corsée se projetant sans aucun effort, un legato de classe, une conception forte du personnage, même si le comédien reste un peu sur la réserve.
Marie-Nicole Lemieux, sans posséder le caractère éminemment italien d’Azucena dans le timbre, livre un chant d’une parfaite efficacité, ardent et puissant, tout en créant une Gitane très humaine, moins « sorcière » qu’à l’habitude. Hui He déploie charme et séduction en Leonora ; son lirico spinto s’avère suffisamment plein et souple, malgré quelques incertitudes dans la justesse.
Comme en 2007, Roberto Alagna incarne un Manrico énergique et attachant, à la voix large et sonore. Mais le timbre, aujourd’hui, a un peu perdu de sa richesse et si « Ah ! si, ben mio » convainc toujours, « Di quella pira », malgré la transposition d’un demi-ton, pousse l’artiste dans ses dernières extrémités.
Nicolas Testé campe un solide Ferrando, la soprano Ludivine Gombert et le ténor Julien Dran complétant avec talent le plateau.
JOSÉ PONS