Tout se passait-il trop bien ? En l’absence d’accroc sur les représentations de Der Messias au Théâtre des Champs-Élysées, de Solveig à Strasbourg ou de La traviata à Bordeaux, on commençait à se rassurer : non, le Covid-19 n’allait pas compromettre la rentrée lyrique en France. Et puis, voilà qu’hier, vendredi 25 septembre, l’Opéra de Rouen Normandie a été contraint d’annuler la répétition générale de son Tannhäuser tant attendu, prévue le jour même, ainsi que la première du dimanche 27. Un soliste asymptomatique a été diagnostiqué positif – alors que l’ensemble du groupe demeurait négatif –, contraignant Loïc Lachenal, directeur général de la maison, à suspendre la production le temps d’observer une période d’isolement de sept jours pour les artistes concernés, qui pourraient être désignés comme «cas contacts» suite à la pré-générale du mercredi 23 septembre.
Dans mon éditorial du numéro d’octobre d’Opéra Magazine, publié sur cette application le 24 septembre, j’écrivais « Les protocoles sanitaires à l’intérieur des théâtres sont stricts – et c’est normal ! –, et le moindre grain de sable peut mettre à l’arrêt toute la machine. », tout en formant, bien sûr, des vœux pour que rien ne vienne contrarier le cours normal de la reprise. Le destin en a décidé autrement, preuve que ce virus a la capacité de se jouer des précautions les plus strictes. Et confirmation que nous ne sommes pas au bout de nos peines, trois jours après l’annonce par le Metropolitan Opera de New York de l’annulation de l’ensemble de sa saison 2020-2021 !
L’Opéra de Rouen Normandie a joué de malchance et toutes mes pensées vont à son directeur et à l’ensemble de son personnel, qui se sont donné tellement de mal pour monter ce spectacle et dont les efforts sont bien mal récompensés. Heureusement, il y a encore deux représentations : le 30 septembre et le 3 octobre. La période d’isolement sera terminée et j’espère de tout cœur que le public pourra enfin découvrir ce Tannhäuser. Personnellement, j’y crois !
RICHARD MARTET