Théâtre Marigny, 7 novembre
La « drôle de fille » dont il est question dans ce classique du « musical » qu’est Funny Girl (New York, 1964) a pour nom Fanny Brice – elle fut l’une des vedettes des fameuses Ziegfeld Follies, restées dans la légende de Broadway. Son ascension vers la gloire et son amour malheureux pour Nick Arnstein, séduisant joueur que son manque de scrupules conduira droit en prison, forment la trame de ces deux actes mitonnés par la librettiste Isobel Lennart – rire, émotion et grands sentiments : l’efficacité est garantie.
Pour cette création de l’œuvre à Paris, au Théâtre Marigny, Jean-Luc Choplin a, comme d’habitude, employé les grands moyens. Le résultat ? Une réussite de plus à son palmarès. Si la soirée va bon train, c’est grâce à la mise en scène de Stephen Mear, également responsable de la chorégraphie.
Les tableaux s’enchaînent à vitesse grand V, les décors de Peter McKintosh permettant de rapides changements à vue. Ces décors, comme les costumes dont il est également signataire, évoquent les premières décennies du XXe siècle. S’ils ne se détachent pas d’une certaine convention, au moins l’assument-ils sans complexe et avec goût.
La direction musicale de James McKeon se singularise par le même dynamisme, donnant tout leur éclat aux mélodies de Jule Styne (1905-1994). Quant à l’interprétation, elle est au même niveau d’exigence et de qualité.
Shirley Jameson, voisine généreuse et un rien encombrante, Rachel Stanley, pétulante mère de Fanny, Ashley Knight, le patron du vaudeville dans lequel elle débute, font assaut de talent avec le même bonheur. Quant à Ashley Day, il campe un Nick élégant, vocalement non dénué de charme.
Enfin, Christina Bianco incarne une Fanny idéale, petit bout de femme déterminée, volontaire, au caractère bien trempé. Sa présence en scène est digne d’un ouragan, et en comédienne consommée, elle sait passer du burlesque à la tendresse en un tournemain – une personnalité qui n’est pas sans rappeler l’immense Ethel Merman.
Avec cela, une voix trompettante, charnue, bravant les aigus – « People » et « Don’t Rain on My Parade » sont des moments d’anthologie. À elle seule, Christina Bianco vaut le déplacement, sans jamais faire de l’ombre à ses collègues.
Applaudissements nourris pour tous et, pour Christina Bianco, au rideau final, une « standing ovation » bien méritée.
MICHEL PAROUTY
PHOTO © JULIEN BENHAMOU
Représentations jusqu’au 7 mars 2020.