Comment ne pas ressentir un sentiment de perte en apprenant la mort de Christa Ludwig, à l’âge de 93 ans ? Disparue hier, samedi 24 avril, l’immense cantatrice allemande a durablement marqué l’histoire de l’opéra dans la deuxième moitié du XXe siècle.
Pendant près de cinquante ans (débuts en 1946, adieux en 1994), elle a tout chanté. Des emplois de mezzo-soprano, surtout, mais aussi de soprano. En allemand et en français comme en italien, en anglais, en russe et en hongrois. Dans l’opéra comme dans l’oratorio, la symphonie et le lied. En partant de Monteverdi pour arriver à la création contemporaine, avec des étapes chez Mozart, Rossini et Beethoven aussi bien que chez Schubert, Verdi, Wagner, Richard Strauss, Berlioz, Massenet et Bartok.
Partout, éclataient une remarquable « plasticité » vocale et un instinct musical et dramatique hors pair qui, en plus de faire passer au second plan les éventuelles difficultés purement vocales, signait invariablement des interprétations s’inscrivant aussitôt dans la mémoire du spectateur/auditeur. Un tel éclectisme défie l’analyse, laissant chacun retenir ce qu’il préfère dans son gigantesque legs discographique.
Dans son numéro de mars 2018, Opéra Magazine lui avait consacré un vaste dossier, à l’occasion de ses 90 ans, comprenant notamment une interview de Pierre Flinois, qui était allé à sa rencontre, à son domicile, non loin de Vienne. Il y a quelques semaines, le même Pierre Flinois avait échangé avec elle, à distance cette fois, au sujet du Voyage d’hiver de Schubert. Ce jeu de questions-réponses, à paraître dans le prochain numéro d’Opéra Magazine, le 29 avril, a sans doute été la dernière interview de Christa Ludwig.
PHOTOS : La Maréchale dans Der Rosenkavalier. © THE METROPOLITAN OPERA ARCHIVES
