Opéra Comédie, 27 octobre
Avec ce concert baptisé « Mozart, l’enfant prodige », l’Opéra Orchestre National Montpellier était à peu près certain de remplir les rangs de l’Opéra Comédie. Plus encore, l’addition des talents de Philippe Jaroussky, pour la première fois à la tête d’une formation symphonique, et de la soprano suisse Marie Lys promettait une soirée fort stimulante. Sans surprise, le succès a été au rendez-vous.
Exclusivement conçu autour d’œuvres composées par Mozart, entre ses 14 et 16 ans, le programme, tour à tour symphonique et lyrique, s’est, en effet, révélé valorisant pour chacun des deux artistes.
En prenant la direction de l’Orchestre National Montpellier Occitanie, Philippe Jaroussky enchante par ses options sur les rythmes, les timbres et l’articulation, comme par son sens aiguisé de la structure de chaque œuvre. Que ce soit dans les brillantes Ouvertures de Mitridate et Lucio Silla, ou dans les Symphonies n° 42 KV 75 et n° 46 KV 96, on se laisse volontiers séduire par son Mozart alerte, chantant, poétique et bien ancré. Si quelques petits problèmes d’intonation (cuivres et bois) et quelques faux départs entachent, parfois, le discours musical, l’assise globale des pages demeure extrêmement bien maîtrisée.
Dans les airs de concert « Misero me !… Misero pargoletto » KV 77 et « Se tutti i mali miei » KV 83, Marie Lys montre de vraies et belles aptitudes. Bien projetée, la voix, légère et pulpeuse, captive par son sens de la narration, son énergie intrinsèque et ses couleurs fruitées.
Les airs d’Aspasia (Mitridate) et de Giunia (Lucio Silla) font valoir, à nouveau, ces qualités, avec, cependant, quelques petites réserves. De fait, on pourra regretter une vélocité un rien inégale, dans « Al destin, che la minaccia », et des aigus émis en force, sur « Ah ! se il crudel periglio », au terme des interminables vocalises. Rien de bien pénalisant, au bout du compte, tant l’artiste fait montre de générosité, d’intelligence et d’audace.
Toujours convaincante dans ses intentions et maîtresse de ses effets pyrotechniques, Marie Lys emporte l’adhésion, grâce au rayonnement immédiat de son timbre. Après des rappels enthousiastes du public, « Non mi dir », le second air de Donna Anna (Don Giovanni), est offert en bis, avec une aisance remarquable.
Une belle soirée mozartienne, défendue par deux musiciens inspirés.
CYRIL MAZIN