Parvis de la Basilique Saint-Michel-Archange, 26 juillet
Le cadre magique du parvis de la Basilique Saint-Michel, entre ciel et mer, réserve toujours quelques surprises. Au milieu d’une programmation vouée principalement au piano et à la musique de chambre, voici une soirée consacrée à la chanson napolitaine par le lumineux ténor Pene Pati. Mais avec l’orchestre Il Pomo d’Oro, dont la mission est l’interprétation « historiquement informée », le brillant interprète de La Bohème, de Werther, de Roméo, du Duc de Rigoletto va-t-il prendre la suite de tous les successeurs de Caruso qui s’illustrèrent dans le genre ? Tosti, Leoncavallo, Luigi Denza figurent à l’affiche. Le concert, en deux parties, « Silenzio cantatore » et « Canzoni di giorno », s’attache aux liens qui unissent les compositeurs du XIXe siècle – Sir Paolo Tosti ne fut-il pas le maître de chant de la reine Victoria ? – au folklore le plus ancien.
D’emblée, ce que l’on entend va étonner. Son extraordinaire longueur de souffle permet à Pene Pati de s’installer dans un chant murmuré, presque suggéré. Les instrumentistes d’Il Pomo d’Oro – titre évocateur de l’opéra de Cesti (1666) – organisent l’étrange rencontre du baroque et du folklore dans des arrangements pour sept instrumentistes, parmi lesquels brillent les soli virtuoses du violon, l’indispensable mandoline et la guitare. La diction de Pati rend pleine justice au dialecte napolitain et à la danse populaire (tarentelle, villanelle) qu’il ponctue lui-même en jouant des castagnettes. Lorsque parfois le ténor laisse fuser son aigu brillant, le public se retrouve en pays connu. On retiendra évidemment Marechiare et l’emblématique Funiculì funiculà. Hors des sentiers battus, l’ensemble stimule la réflexion. Parmi de généreux bis, comment ne pas saluer la chanson samoane de l’oiseau qui revient toujours ?
PATRICE HENRIOT
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