Auditorium de Radio France, 5 décembre
En coproduction avec le Palazzetto Bru Zane, Radio France propose, sous le titre « Mythologies », un concert de musique française, au programme original : encadrant La Naissance de Vénus de Gabriel Fauré (1845-1924), Hylas de Théodore Dubois (1837-1924), et Diane de Benjamin Godard (1849-1895).
Sans recourir aux versions orchestrées, la formule retenue fait une part royale au magnifique Chœur de Radio France, ici placé sous la direction de Josep Vila i Casañas, qui mène l’ensemble en alliant souplesse et rigueur, tandis qu’au piano, Romain Descharmes soutient solistes et choristes.
À la différence de Théodore Dubois, ni Gabriel Fauré, ni Benjamin Godard n’obtinrent le Grand prix de Rome. Destinée à un chœur, la « scène lyrique » Hylas (Paris, 1891) comporte des soli pour soprano et baryton. On admire l’alternance du chœur des Argonautes – dont une chanson à boire, encore proche d’Ambroise Thomas –, et du chœur des Nymphes, évidemment fluide, puis éloquent. L’exemplaire déclamation de Karine Deshayes, comme la diction et la projection de Michael Arivony, remportent tous les suffrages.
Dans cette musique « fin de siècle », subtilement ondoyante, les uns périssent dans les eaux, une autre y vient à la vie. Avec La Naissance de Vénus (Paris, 1883), le jeune Fauré se souvient du chromatisme wagnérien et le piano détaille, avec délicatesse, le sort de la déesse de l’Amour. Les interventions de membres du Chœur de Radio France confèrent à l’œuvre sa portée de cantate, sans nulle ambition dramatique.
Benjamin Godard conduit, quant à lui, la mythologie aux confins du théâtre lyrique. Son « poème antique » Diane (Paris, 1880) n’est-il pas dédié à Ernest Reyer, qui en loua la concision dramatique ? Les airs de Diane et d’Actéon donnent à Karine Deshayes et à Michael Arivony matière à camper de vrais personnages.
Souhaitons un enregistrement. Voire les versions orchestrées ?
PATRICE HENRIOT