George Washington University, Lisner Auditorium, 23 novembre
La malchance théâtrale de la célèbre « pièce écossaise » de Shakespeare a semblé frapper cette dernière représentation de la nouvelle production de Macbeth, signée par la Canadienne Brenna Corner, au Washington National Opera (WNO).
Tôt dans la journée, les gicleurs anti-incendie du Kennedy Center se sont déclenchés, inondant et endommageant les décors d’Erhard Rom, et rendant les lieux temporairement inutilisables. Après plusieurs heures d’appels téléphoniques, Macbeth a finalement trouvé refuge au Lisner Auditorium, au sein de la George Washington University, pour une version de concert, devant une salle comble et reconnaissante.
Pour ses débuts dans le rôle-titre, Etienne Dupuis fait preuve d’un sens admirable de la dynamique et de la ligne, chantant de manière sonore – bien qu’à deux doigts de pousser dans l’aigu. Si Macbeth est, probablement, sa limite dans Verdi, le baryton canadien s’y révèle, tout au long de l’ouvrage, un acteur merveilleux et engagé, aux gestes nuancés, à la hauteur de sa maîtrise du texte.
La Polonaise Ewa Plonka, Turandot robuste, mais plutôt monochrome, à Washington, la saison passée, fait un effet mieux que solide, en Lady Macbeth, bien que son statut de soprano dramatique semble davantage une question de force de volonté que de nature. D’une agilité certaine, sinon idéale, elle possède une remarquable aisance, au sommet de son instrument.
Ancien membre du « Domingo-Cafritz Young Artist Program » du WNO, l’Américain Soloman Howard explose, de façon imposante, aux extrêmes de l’ambitus de Banco, alors que son médium reste un peu granuleux – ce qui ne retire rien à l’impact de sa prestation. Quant au ténor sino-australien Kang Wang, en Macduff, sa voix claironnante manque de nuances, en particulier dans un « Ah, la paterna mano » débordant de sanglots.
Sérieux et adéquat, le Chœur du WNO fait, néanmoins, pâle figure face à ceux des grandes compagnies américaines – le Metropolitan Opera de New York, le Lyric Opera de Chicago et le San Francisco Opera. Mais les forces orchestrales du chef germano-américain Evan Rogister savent mettre en valeur la partition, souvent obsédante, de Verdi.
DAVID SHENGOLD