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Concerts et récitals

Les frères Pati et Golda Schultz font le show à Paris

26/01/2024
Quentin Hindley, Amitai Pati, Golda Schultz et Pene Pati. © Jean-Yves Grandin

Théâtre des Champs-Élysées, 8 janvier

Réunis, dans le cadre d’un récital commun, par Les Grandes Voix/Les Grands Solistes, les frères Pati sont parvenus – avec une Golda Schultz déchaînée – à enflammer le Théâtre des Champs-Élysées, tandis que la neige recouvrait, peu à peu, les abords de la salle de concert. Le programme, très éclectique, allie airs et duos d’opéra, de comédie musicale et d’opérette, ainsi qu’un hommage appuyé à Charles Trenet, avec La Mer et Boum ! à trois voix, dans une orchestration démultipliée.

Pene Pati ouvre, légitimement, la soirée, avec « Recondita armonia » (Tosca), où son rayonnement fait merveille, dans l’attente d’une possible prise de rôle. S’il doit encore mûrir, dans le duo « Parle-moi de ma mère » (Carmen), le ténor samoan s’illustre dans la « Prière » de Robert le Diable, interprétée dans un style idéal, alliant une parfaite diction française à un art raffiné de la demi-teinte. Et quelle authentique émotion l’artiste parvient à transmettre au public !

La voix d’Amitai Pati séduit par une musicalité innée, qui empreint son interprétation tendre et délicate d’« Una furtiva lagrima ». Et le duo « Esulti pur la barbara » (L’elisir d’amore, encore) lui permet de démontrer une aisance scénique certaine, dans le registre de la légèreté. Les frères Pati viennent clore la première partie de la soirée, en chantant, à deux, « De’ miei bollenti spiriti » (La traviata). La voix solaire, à l’aigu radieux, de Pene couvre, cependant, un peu celle de son cadet, moins flamboyante, large et timbrée.

Golda Schultz, pour sa part, peine à convaincre. Certes, chez la soprano sud-africaine, Magda (La rondine) révèle une maîtrise certaine des sons filés, mais une approche moins aboutie du répertoire français et une diction trop approximative affectent sa Micaëla (Carmen). Ces problèmes se ressentent d’autant plus en Juliette (Roméo et Juliette de Gounod), dont la fameuse « Valse » la trouve comme déconcertée, avec des sons pris par-dessous et un aigu serré.

Roméo trouve, en revanche, en Pene Pati un interprète idéal, comme à l’Opéra-Comique, en décembre 2021 (voir O. M. n° 179 p. 62 de février 2022). Quelle intelligence musicale, basée sur un souffle inaltérable et un sens de la nuance, restituant toute sa majesté à l’air emblématique du rôle, « Ah ! lève-toi, soleil », terminé sur une messa di voce captivante !

Suivent, par Golda Schultz, The Glamorous Life (A Little Night Music), et un nouveau duo des frères Pati, « Dein ist mein ganzes Herz » (Das Land des Lächelns). Le tout, porté, avec une énergie communicative et vivifiante, par l’Orchestre des Frivolités Parisiennes, placé sous la baguette attentive du chef français Quentin Hindley.

Les trois bis, enfin, basculent dans une sorte de show bigarré. Golda Schultz reprend, avec vaillance, l’illustre Pata Pata, immortalisé par la grande Miriam Makeba, dite « Mama Africa ». Tout au bonheur de se produire ensemble, Pene et Amitai Pati se lancent, quant à eux, dans un air traditionnel samoan, avec ukulélé, puis, gestes virils à l’appui, dans un chant néo-zélandais, en forme de haka, qui transforme la scène du Théâtre des Champs-Élysées en pelouse de stade de rugby !

JOSÉ PONS

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