Chapelle Royale, 21 janvier
En octobre 2021 (voir O. M. n° 178 p. 82 de décembre), à la Maison de la Radio, nous avions été séduit par l’interprétation des Vêpres de la Vierge par Leonardo Garcia Alarcon, tout en regrettant une relative maigreur des effectifs, en regard des dimensions de l’Auditorium, et, surtout, une acoustique peu propice aux effets de spatialisation, indispensables dans l’œuvre. Raison pour laquelle nous attendions, avec impatience, de la réentendre dans la Chapelle Royale de Versailles, où John Eliot Gardiner, puis Raphaël Pichon, nous avaient laissé un souvenir ébloui.
Différente de celle de ses deux prédécesseurs, ne serait-ce que par la répartition des solistes et des choristes, entre les différentes parties de l’édifice, la lecture du chef argentin atteint, cette fois, les cimes. La flamme, la fougue, la précision de l’ensemble Cappella Mediterranea et du Chœur de Chambre de Namur étaient déjà exemplaires, à la Maison de la Radio, dans un effectif comparable. Mais la merveilleuse acoustique de la Chapelle Royale, que l’on croirait avoir été conçue pour accueillir le chef-d’œuvre de Monteverdi, les exalte et les transcende, au point qu’on a l’impression d’assister à un autre concert.
Cette vision, tout en ferveur et en puissance, est remarquablement soutenue par le septuor de solistes. Mariana Flores, David Sagastume, Valerio Contaldo et Mathias Vidal sont aussi éblouissants qu’il y a deux ans. Deborah Cachet assume, avec brio, la succession de Gwendoline Blondeel, les deux nouvelles basses, Andreas Wolf et Rafael Galaz, se montrant particulièrement impressionnantes.
En les écoutant, comment ne pas avoir une pensée pour le regretté Alejandro Meerapfel, prématurément disparu, le 22 septembre dernier, à l’âge de 54 ans ? Leonardo Garcia Alarcon, visiblement ému, a rendu hommage à celui qui, en 2021, constituait l’un des piliers du concert parisien.
RICHARD MARTET