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Comptes rendus

C’est par où la sortie ? – éditorial du numéro d’avril

22/03/2021

Des nouvelles du front, d’abord, alors qu’un an s’est déjà écoulé depuis qu’Emmanuel Macron, le 16 mars 2020, déclarait dans un discours télévisé : « Nous sommes en guerre. » L’« ennemi » est toujours là et, depuis le 29 octobre, début du deuxième confinement, la réponse du président de la République et de son gouvernement, s’agissant des lieux culturels, n’a pas bougé d’un iota : portes closes au public.

Jusqu’à quand ? Personne ne se hasarde à avancer une date, surtout depuis l’annonce de  nouvelles mesures de restriction pour quatre semaines, et seize départements, le 18 mars dernier. Sauf erreur, on n’entend même plus parler, depuis une quinzaine de jours, des « concerts tests » évoqués mi-février par Roselyne Bachelot, ministre de la Culture.

Censés se tenir en avril-mai, à l’Accor Arena (anciennement POPB, puis AccorHotels Arena) de Paris et au Dôme de Marseille, ils ne concernent certes pas l’opéra, mais ils auraient un double mérite : montrer que la France cherche concrètement des portes de sortie et redonner de l’espoir à une population de plus en plus morose, pour ne pas dire déprimée.

S’agissant des théâtres lyriques, pourquoi ne pas suivre l’exemple de ceux de Berlin ? Depuis le 19 mars, le Staatsoper et le Deutsche Oper participent, au côté de six autres institutions, à une initiative conjointe lancée par les pouvoirs publics. Baptisée « Perspektive Kultur », elle constitue la première tentative, sur le sol allemand, d’évaluation des risques liés à une réouverture, avec des spectateurs testés négatifs au Covid-19, le jour même.

Le 2 avril, avant la représentation des Nozze di Figaro au Staatsoper, puis le 4 avril, avant celle de Francesca da Rimini au Deutsche Oper, les heureux élus iront donc dans l’un des centres médicaux participant à l’opération, puis se présenteront au contrôle en possession de trois sésames : un test négatif (gratuit) datant de moins de douze heures, un billet d’entrée nominatif et une pièce d’identité. Une fois entrés, ils devront rester masqués jusqu’à leur sortie. Précision intéressante : même les personnes vaccinées auront l’obligation de se faire tester.

Cela ressemble fort aux procédures en vigueur en France, dès que l’on veut prendre l’avion pour se rendre dans l’Union européenne ou l’Outre-mer, sauf en ce qui concerne la date du test (moins de 48 ou 72 heures avant le départ, selon les pays). Personnellement, je n’y vois aucun inconvénient, cela me rassure même. Et je n’ai pas hésité à le faire quand je suis allé à Madrid, du 9 au 12 mars, pour voir Norma et Siegfried au Teatro Real (voir en pages 6-7 de ce numéro).

Pas de test exigé à l’entrée du théâtre, cette fois, mais des mesures de sécurité tellement draconiennes que l’on n’a pas, un seul instant, peur d’être contaminé. Et quel bonheur d’assister à une représentation avec du public autour de soi, même si la salle n’est remplie qu’aux deux tiers, pour respecter les consignes sanitaires !

La France suivra-t-elle les exemples espagnol, allemand ou monégasque (rappelons que l’Opéra de Monte-Carlo continue à accueillir des spectateurs) ? Pas dans les jours qui viennent, c’est certain. Surtout à l’approche du cap symbolique des 100 000 morts du Covid-19 (au 22 mars, on en est à 92 305). Parmi eux, la délicieuse Andréa Guiot, emportée le 15 février, à laquelle Opéra Magazine rend hommage, ce mois-ci (voir en page 30).

Une autre grande dame du chant français, Renée Doria, nous a quittés, le 6 mars, au lendemain de son 100e anniversaire, sans que le virus y soit pour quelque chose. Nous évoquerons son souvenir dans notre prochain numéro, en même temps que celui de l’immense James Levine, disparu le 9 mars, à l’âge de 77 ans.

À ce propos, comment ne pas s’indigner du traitement réservé à sa mort dans certains médias ? Surfant sur internet, j’ai été sidéré de lire des titres tels que « James Levine, ex-chef d’orchestre du Met accusé d’abus sexuels, est décédé » (20 minutes) ou « Le chef d’orchestre James Levine, accusé d’abus sexuels, décède à 77 ans » (RTL).

Quels que soient les délits commis par le chef américain, qu’il a toujours réfutés, constituent-ils un trait suffisamment caractéristique de sa carrière pour justifier d’être mentionnés en titre ? Il est impossible de ne pas y faire allusion dans un article, mais de là à les mettre ainsi en exergue, au détriment de son formidable talent et de son impressionnant legs discographique, notamment dans les opéras de Verdi et Wagner, il y a une marge, me semble-t-il.

RICHARD MARTET

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