Festspielhaus, 27 juillet
Lors de sa création, en 2017, Vincent Borel avait parfaitement décrit cette production dans nos colonnes, avant d’en rappeler toutes les qualités, lors de sa parution en DVD chez Deutsche Grammophon (voir O. M. n° 132 p. 28 d’octobre 2017 & n° 143 p. 82 d’octobre 2018). Nous n’y reviendrons donc pas, sinon pour souligner à quel point ces Meistersinger sont, et de loin, ce que Bayreuth a proposé de meilleur, ces dix dernières années.
Nous insisterons, quand même, sur un point : aussi réussi soit-il (et il l’est, méritant amplement le Diamant d’Opéra Magazine qui lui a été attribué !), le DVD ne rend pas tout à fait compte de l’impact visuel de la mise en scène, notamment à la fin du II, avec « cette caricature du juif des années 1930, bouclettes, nez crochu et yeux sardoniques, gonflant jusqu’à devenir une montgolfière de haine », si bien décrite par Vincent Borel.
C’est de la salle qu’il faut voir ce spectacle et, si vous avez un moyen d’acheter des places pour l’édition 2020, n’hésitez pas : il vaut vraiment le voyage… et la dépense – ce qui n’est pas le cas des Tannhäuser et Lohengrin affichés au même moment.
D’autant que la distribution, quasiment inchangée, réserve de très beaux moments de chant et de théâtre. Seule réserve : Camilla Nylund, succédant à Anne Schwanewilms (2017) et Emily Magee (2018), correcte mais sans rayonnement. Est-il si difficile, aujourd’hui, de trouver une Eva radieuse ? Non, sans doute, mais il est vrai que la transformation par Barrie Kosky de la toute jeune fille du livret en Cosima de 40 ans change singulièrement la donne, opposant frontalement crédibilité scénique et vocale.
La direction de Philippe Jordan, enfin, ne change pas au fil des reprises : souple, lyrique, elle évite toute emphase, au risque de laisser sur leur faim les adeptes d’un Wagner plus martial et conquérant.
RICHARD MARTET
PHOTO © BAYREUTHER FESTSPIELE/ENRICO NAWRATH
