Après une fermeture longue de trois mois, la musique enjouée de Rossini a résonné, le 21 mai, à l’Opéra national d’Ukraine, à Kiev, et permis de s’évader, le temps d’une soirée toute particulière, loin du vacarme et de l’horreur des semaines passées. Pour la réouverture du théâtre, le ministre de la Culture, Oleksandr Tkachenko, voulait « deux œuvres symboliques : un classique européen d’abord, puis un classique ukrainien ». On comprend dès lors le choix d’Il barbiere di Siviglia, dont les influences à la croisée de la France, de l’Espagne et de l’Italie, font un ouvrage européen par excellence, et celui de Natalka Poltavka, opéra de Mykola Lyssenko, compositeur ukrainien de la fin du XIXe siècle.
Si l’Opéra de Kiev a heureusement été préservé des bombardements, il n’est pas épargné pour autant. Les jauges ont été réduites à trois cents places pour faciliter l’évacuation du public en cas d’alerte, et encore faut-il parvenir à trouver des artistes disponibles, car la plupart se trouve, hélas, à l’étranger, ou sur le front.
Et pourtant, à l’instar des messages d’encouragements placardés dans la ville, la réouverture de l’Opéra est un signal fort pour les Ukrainiens. Sa programmation pour les semaines à venir comporte le Rigoletto de Verdi et La serva padrona de Pergolesi. Mais plus de musique russe jusqu’à nouvel ordre…
LA RÉDACTION