On en parle Paris retrouve la Fille Angot
On en parle

Paris retrouve la Fille Angot

28/08/2023
Maquette du décor, signé Bruno de Lavenère

Jadis pilier du répertoire léger des théâtres français, La Fille de Madame Angot, créée à Bruxelles (4 décembre 1872), puis aussitôt reprise à Paris (21 février 1873), est devenue une grande rareté : sa dernière représentation scénique dans la capitale remonte à 1984, au Théâtre du Châtelet ! On salue donc, avec enthousiasme, la décision de l’Opéra-Comique de reprogrammer, à partir du 27 septembre, le chef-d’œuvre de Charles Lecocq, plus d’un siècle après son entrée Salle Favart (28 décembre 1918), dans un spectacle coproduit avec le Palazzetto Bru Zane, l’Opéra Grand Avignon et l’Opéra Nice Côte d’Azur.

« Opéra-comique » ou opérette ? La frontière entre les deux, on le sait, est ténue, sauf sur le plan sémantique : le premier bénéficie d’un certain respect ; la seconde est méprisée. Dès 1907, l’Opéra-Comique avait eu l’idée de donner La Fille de Madame Angot. Veto général, au motif que c’était… une opérette ! Les préjugés restant tenaces, j’avoue attendre, avec impatience, la réaction de la presse et du public, le 27 septembre prochain.


Maquette du décor, signé Bruno de Lavenère.

Elle dépendra beaucoup de la manière dont ce chef-d’œuvre sera traité. Richard Brunel annonce une mise en scène transposant l’action du Directoire à Mai 68. Pari risqué, s’agissant d’un texte bourré de références à la période 1795-1799, mais on attendra de juger sur pièces. L’important est de ne pas briser le charme et le pittoresque du livret.

Quant à la musique, d’une qualité d’inspiration constante, dans les moments de drôlerie comme de mélancolie, elle sera confiée à Hervé Niquet. Il dirigera l’Orchestre de Chambre de Paris et le chœur Le Concert Spirituel, deux formations que l’on avait pu admirer dans l’intégrale gravée sous la baguette de Sébastien Rouland, en 2021, par le Palazzetto Bru Zane.

Dans la distribution, on retrouvera deux des chanteurs du disque : Véronique Gens, Mademoiselle Lange de grande classe, qui possède, en plus, le physique idéal pour le personnage, et Matthieu Lécroart, épatant Larivaudière. Si Hélène Guilmette a tous les atouts pour triompher en Clairette, Julien Behr semble né pour incarner Ange Pitou – comme dans l’enregistrement, on a fait le choix d’un ténor, plutôt que d’un baryton Martin, comme le veut la tradition.

Alors, pour ceux qui hésiteraient encore, courez à la rencontre de la Fille Angot !

RICHARD MARTET

Pour aller plus loin dans la lecture

On en parle Une Bohème 1930 à Montpellier

Une Bohème 1930 à Montpellier

On en parle À Paris, Don Quichotte se souvient

À Paris, Don Quichotte se souvient

On en parle Fidelio en langue des signes à Paris

Fidelio en langue des signes à Paris