On en parle Le Met fait sa révolution dans les cinémas
On en parle

Le Met fait sa révolution dans les cinémas

31/08/2023
Photo d'avant-première de Joyce DiDonato (Sister Helen Prejean) et Ryan McKinny (Joseph De Rocher) dans Dead Man Walking. © Met Opera/Paola Kudacki

Avec six opéras contemporains – de compositeurs tous natifs d’Amérique du Nord –, sur les dix-sept titres que compte la saison 2023-2024, le Metropolitan Opera de New York fait bel et bien sa révolution, ainsi qu’annoncé par Peter Gelb, son directeur général. Le choix de retransmettre, coup sur coup, cet automne, trois d’entre eux, en direct et en haute définition, dans le cadre de la série « The Met Live in HD », distribuée en France par Pathé Live, prend, dès lors, valeur de symbole, voire de manifeste.

Une nouvelle production de Dead Man Walking ouvre la marche. Tiré du livre éponyme d’Helen Prejean, l’opéra de Jake Heggie (né en 1961), créé à San Francisco, en 2000, raconte la relation de cette religieuse américaine avec un condamné à mort, dont elle était devenue la conseillère spirituelle. À la suite de Susan Graham, qui interprètera, cette fois, la mère du détenu, le rôle sera porté par Joyce DiDonato, qui l’a souvent défendu avec ferveur, à l’instar d’autres œuvres du compositeur. Porte-drapeau de la nouvelle orientation de la programmation du Met, son directeur musical, Yannick Nézet-Séguin, sera associé, pour cette entrée au répertoire, au metteur en scène Ivo van Hove (21 octobre 2023, 18 h 55).


Photo d’avant-première de Will Liverman dans X : The Life and Times of Malcom X. © Met Opera/Paola Kudacki

S’il a été moins régulièrement repris depuis sa création, en 1986, au New York City Opera, X : The Life and Times of Malcom X d’Anthony Davis (né en 1951) a été remis sous le feu des projecteurs par le spectacle de Robert O’Hara, monté à Detroit, en 2022, et coproduit par le Met, qui le présentera avec Kazem Abdullah au pupitre. Révélé dans Fire Shut Up in My Bones de Terence Blanchard, triomphe inattendu, et déterminant pour l’avenir de l’institution, de la saison 2021-2022, le baryton Will Liverman incarnera ce militant des droits civiques afro-américains, figure du mouvement nationaliste et religieux « Nation of Islam », assassiné en 1965 (18 novembre, 18 h 55).

Après ces deux ouvrages quasi documentaires, confrontant l’Amérique à sa violence et ses contradictions, la nouvelle production de Florencia en el Amazonas (Houston, 1996), confiée à Mary Zimmerman, marque une respiration poétique. Mis en musique par Daniel Catan (1949-2011), le livret, inspiré du réalisme magique de Gabriel Garcia Marquez, met en scène le retour dans sa terre natale de la cantatrice brésilienne Florencia Grimaldi, invitée à se produire à -l’Opéra de Manaus, et qui espère retrouver son amant Cristobal, un chasseur de papillons disparu dans la jungle. Aylin Pérez prêtera sa voix à la diva, sous la direction de Yannick Nézet-Séguin (9 décembre, 18 h 55). 

L’entrée dans l’année 2024 s’accompagne d’un retour au grand répertoire. D’abord avec l’un des piliers de la maison, le Nabucco de tradition, monté par feu Elijah Moshinsky, qui avait eu les honneurs d’une première retransmission, en 2016, déjà avec Liudmyla Monastyrska en Abigaille. Dans le rôle-titre, George Gagnidze succèdera à Placido Domingo, sous la baguette de Daniele Callegari (6 janvier 2024, 18 h 55).


Photo d’avant-première d’Aigul Akhmetshina dans Carmen. © Met Opera/Paola Kudacki

Depuis sa première tentative lyrique, avec Wozzeck, à l’English National Opera, voici dix ans, la metteuse en scène britannique Carrie Cracknell ne s’était plus aventurée hors du théâtre parlé que pour adapter Persuasion de Jane Austen, à l’écran (2022). Un avantage, assurément, pour porter un regard neuf sur Carmen. Aigul Akhmetshina, 27 ans, nouvel astre dans la prolifique galaxie des mezzos, parera la sulfureuse cigarière des sortilèges de son timbre opulent, face au Don José de Piotr Beczala. Le fiévreux Daniele Rustioni sera au pupitre (27 janvier, 18 h 55).

La présence très sporadique de La forza del destino à l’affiche du Met, ces quarante dernières années, s’explique, sans doute, par les exigences vocales hors du commun de la partition. La première Leonora scénique de la phénoménale Lise Davidsen est, incontestablement, une bonne raison pour redonner enfin l’ouvrage. Elle sera entourée – sous la direction de l’éminent verdien qu’est Yannick Nézet-Séguin, et dans le spectacle de Mariusz Trelinski, étrenné au Teatr Wielki de Varsovie, en janvier 2023 – du stentorien Brian Jagde en Don Alvaro et de l’excellent Igor Golovatenko en Don Carlo (9 mars, 18 h).

Trois reprises, superbement distribuées, suivent pour clore la saison. Roméo et Juliette de Gounod, selon Bartlett Sher, unira ainsi, pour la première fois, et avec la bénédiction musicale de Yannick Nézet-Séguin, les irrésistibles amants de Vérone de Nadine Sierra et Benjamin Bernheim (23 mars, 18 h 55).

Sous la direction de Speranza Scappucci, La rondine, mise en scène par feu Nicolas Joel, sera le somptueux écrin, entre Art nouveau et Art déco, des débuts, non seulement en Ruggero, mais surtout au Met, de Jonathan Tetelman, aux côtés d’Angel Blue, en prise de rôle en Magda (20 avril, 18 h 55).

L’ardent ténor américain sera ensuite Pinkerton, dans la Madama Butterfly signée Anthony Minghella, qui marquera la première apparition dans la maison de l’une des plus grandes chanteuses-actrices du moment, la soprano lituanienne Asmik Grigorian (11 mai, 18 h 55). Deux dernières retransmissions, assurément dignes de préluder aux commémorations du centenaire de la disparition de Puccini.

MEHDI MAHDAVI

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